MSF appelle Israël à mettre fin à sa guerre sans merci contre la population de Gaza

Palestine, Khan Younis, sud de Gaza, 22 avril 2024. Vue sur la ville de Khan Younis depuis le toit de l'hôpital Nasser, auparavant le plus grand hôpital du sud de Gaza. 
Palestine, Khan Younès, sud de Gaza, 22 avril 2024. Vue sur la ville de Khan Younès depuis le toit de l'hôpital Nasser, auparavant le plus grand hôpital du sud de Gaza.  © Ben Milpas/MSF

Après presqu'un an de bombardements et de siège sur Gaza, Israël doit mettre un terme au massacre aveugle de civils et doit faciliter de toute urgence l'acheminement de l'aide, notamment par la réouverture des points de passage, et notamment celui de Rafah, conformément aux mesures demandées par la Cour internationale de justice.  

L’échec d’Israël, du Hamas et de leurs alliés à trouver un accord de cessez-le-feu à Gaza entretient aujourd’hui la menace d’un conflit régional généralisé.  

Depuis le 7 octobre 2023 et le massacre par le Hamas de 1 200 personnes et l’enlèvement de 250 autres, les forces israéliennes mènent une guerre totale contre la population de Gaza. 41 500 personnes ont été tuées et 96 000 blessées. Les ordres d'évacuation répétés ont déplacé 90 % de la population dans des zones soi-disant plus sûres, qu'Israël a toutefois bombardées à maintes reprises. Environ 1,3 million de personnes sont contraintes de s’entasser dans une minuscule zone de 41 kilomètres carrés, où les abris, la nourriture et l’eau sont insuffisants et où la surpopulation accroit le risque de maladies, et ce alors que l’hiver approche. 

Depuis le début du conflit, les équipes de MSF ont soigné plus de 27 500 patients, pour des blessures liées à 80% aux bombardements. 

« Nos équipes ont été obligées de réaliser des chirurgies sans anesthésie, d’assister au décès d’enfants soignés à même le sol des hôpitaux faute de matériel médical et parfois de soigner leurs propres collègues et leur famille », explique le Dr Amber Alayyan, responsable des programmes médicaux de MSF en Palestine. 

Le système de santé gazaoui a été systématiquement démantelé par l’armée israélienne : aujourd’hui, seuls 17 hôpitaux sur les 36 que compte Gaza sont partiellement fonctionnels. Les belligérants ont par ailleurs mené à plusieurs reprises des combats près des structures médicales, mettant en danger les patients, leurs proches et le personnel médical.  

Depuis octobre 2023, le personnel de MSF et leurs patients ont dû quitter 14 structures de santé à cause de graves incidents et de combats, et six membres de MSF ont été tués. Chaque fois qu’une structure médicale est évacuée, des milliers de personnes perdent l’accès à des soins vitaux.  

Le manque d’accès aux soins est également lié au grave manque d’aide humanitaire. Les autorités israéliennes conditionnent l’entrée des camions transportant l’aide humanitaire et les biens de première nécessité à des critères opaques et changeants. Et une fois dans Gaza, l’aide ne parvient pas toujours à sa destination finale à cause de l’absence de routes sûres, des combats et des pillages. 

« Alors que les besoins médicaux augmentent dans la bande de Gaza, notre capacité de réponse est limitée parce que nous ne parvenons pas à acheminer suffisamment d’aide et de matériel médical, déclare le Dr Alayyan. En dernier recours, nous avons dû installer deux hôpitaux de campagne qui ne peuvent pallier la destruction du système de santé. Leur mise en place a elle-même été entravée et retardée par des restrictions sur l’acheminement de matériel. » 

Au moins 12 000 personnes ont urgemment besoin d’une évacuation médicale à Gaza pour recevoir des soins spécialisés. Les évacuations médicales et le droit des Palestiniens qui cherchent simplement à assurer leur sécurité et celle de leur famille de quitter la bande de Gaza doivent être immédiatement facilités, sans compromettre leur droit au retour. 

Face à ces massacres et aux blocages imposés à l’acheminement de l’aide, la communauté internationale se distingue par son inaction scandaleuse et sa duplicité. Alors que les alliés d'Israël invoquent publiquement l'importance d'un cessez-le-feu et la nécessité de faciliter l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, ils continuent de lui fournir des armes. Les États-Unis en particulier, ont régulièrement œuvré pour bloquer les efforts de cessez-le-feu au Conseil de sécurité des Nations unies en vue d’un cessez-le-feu. 

 « Depuis un an, les alliés d'Israël continuent de lui apporter leur soutien militaire, alors que des enfants sont tués en masse, que des chars tirent sur des abris pourtant dûment notifiés aux forces israéliennes et que des avions de chasse bombardent des zones préalablement déclarées sûrespar Israël », déclare Chris Lockyear, secrétaire général de MSF. « A cela s’ajoute un discours persistant qui déshumanise la population de Gaza et qui ne fait pas de distinction entre civils et cibles militaires. Le seul moyen d'arrêter les massacres est un cessez-le-feu immédiat et durable. » 

Pendant ce temps-là, la guerre à Gaza ravive les tensions régionales. Les attaques israéliennes se sont multipliées en Cisjordanie, et maintenant au Liban, avec des conséquences déjà dévastatrices pour les civils.  

MSF demandeun cessez-le-feu immédiat et durable, la cessation immédiate des massacres de civils, de la destruction du système de santé et des infrastructures civiles. Le siège de Gaza doit prendre fin. 

MSF appelle également :  

  • Israël à rouvrir les frontières terrestres, y compris le point de passage de Rafah, afin de garantir l’acheminement d’aide humanitaire à l’échelle nécessaire pour faire face aux besoins immenses de la population ; 

  • Israël à assurer l’évacuation médicale des blessés et malades ayant besoin de soins médicaux spécialisés et de leurs accompagnateurs, et à permettre l’évacuation des personnes qui souhaitent se mettre à l’abri à l’étranger tout en leur garantissant un retour sécurisé à Gaza s’ils le souhaitent ; 

  • Le Conseil de sécurité des Nations unies à prendre des mesures pour garantir un cessez-le-feu et à mettre fin à sa complaisance à l’égard de la campagne de destruction de la bande de Gaza par Israël.

© Moises Saman/Magnum Photos

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