MSF de retour à Calais pour apporter une aide médicale et psychologique aux exilés

L’infirmière de l’équipe MSF attend un patient nécessitant d’un accompagnement à la Permanence d’accès aux soins, sous le pont du centre de Calais. Avril 2023
L’infirmière de l’équipe MSF attend un patient nécessitant d’un accompagnement à la Permanence d’accès aux soins, sous le pont du centre de Calais. Avril 2023. © Mohammad Ghannam/MSF

A la frontière franco-britannique, des centaines de personnes tentent quotidiennement de rejoindre le Royaume-Uni au péril de leur vie, faute de perspectives en France ou pour rejoindre leurs proches. Le manque de soutien, l’isolement et la barrière de la langue fragilisent davantage ces personnes ayant subi des violences et des traumatismes tout au long de la route de l’exil. Face au sous-dimensionnement des dispositifs étatiques dédiés à la prise en charge des personnes en migration, Médecins Sans Frontières (MSF) lance des activités à Calais pour leur apporter un soutien médico-social et psychologique.

Actuellement, entre 400 et 600 personnes sont présentes à Calais. Un chiffre très bas par rapport aux années passées qui s’explique principalement par l’augmentation des traversées et par la politique dite de « zéro point de fixation » qui contribue à invisibiliser et disperser les migrants. « Les démantèlements systématiques effectués par la police, parfois avec violence, la confiscation des biens personnels, la marginalisation et les entraves à la solidarité ont mené à une précarisation toujours plus forte des personnes exilées et contribuent à détériorer leur état de santé », déclare Pauline Joyau, coordinatrice du projet de MSF à Calais.

Pour répondre aux besoins des personnes exilées dispersées dans les campements informels et les aider à surmonter les obstacles d’accès aux soins, l’équipe de MSF se déplace dans leurs lieux de vie (campements, accueil de jour, maisons d’accueil) pour les sensibiliser aux questions de santé mentale, identifier les cas les plus vulnérables à travers des activités psychosociales et les orienter vers la Permanence d’accès aux soins (PASS) ou l’hôpital, dans une démarche de coopération avec les acteurs de la santé publique.

Lors des premières consultations, les pathologies les plus fréquemment rencontrées sont des problèmes respiratoires liés à l'exposition au froid et au manque de traitement des infections, ainsi que des douleurs d’ordre traumatologique liées aux tentatives de passages en camion causant des chutes. L’équipe a également pris en charge des personnes ayant subi des violences physiques pendant leur parcours migratoire ou ayant vécu des expériences traumatiques, comme le naufrage dans la Manche.

La réduction des voies d’accès sûres et légales pour accéder au Royaume-Uni ne fait que multiplier les drames sur cette frontière. Selon l’Observatoire des migrants morts à Calais, de 1999 à 2023, plus de 350 personnes ont perdu la vie en France, en Belgique, au Royaume-Uni ou en mer en tentant de rejoindre l’Angleterre. Des milliers d’autres vivent avec des blessures physiques et psychiques invalidantes qui sont le résultat des politiques menées par les gouvernements français et britannique.

L’équipe de MSF travaille avec les associations qui opèrent de longue date sur le territoire. « C’est grâce à elles et à la générosité de citoyens solidaires que les personnes migrantes arrivent à subvenir à leurs besoins fondamentaux. Cependant, les entraves aux secours organisées à l’encontre des associations ainsi que les pressions faites aux bénévoles n’ont fait que croître et malgré les dépôts de plaintes et les recours, les pratiques des forces de l’ordre et de la mairie n’ont pas changé. », conclut Joyau.

Notes

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