« Nous en sommes réduits à traiter des patients sur des matelas à même le sol parce que les services sont saturés. Des enfants meurent, et sans action immédiate, d’autres vies sont en danger. Tous les acteurs doivent se mobiliser afin de sauver des vies et éviter à tous ces enfants malades les conséquences dévastatrices de la malnutrition sur leur santé », déclare le Dr Sumba Tirima, représentant de MSF au Nigeria. MSF appelle les autorités nigérianes, les organisations internationales et les bailleurs de fonds à prendre des mesures immédiates pour diagnostiquer et soigner les enfants malnutris afin d’éviter des complications et des décès, mais aussi à s’engager durablement contre les causes profondes de ce phénomène alarmant. « Les années 2022 et 2023 étaient déjà critiques, mais un tableau encore plus sombre se dessine pour 2024. Nous ne pouvons pas accepter de revivre ces scénarios catastrophiques année après année. Que faut-il pour espérer une mobilisation générale et des actions ? », ajoute le Dr Tirima.
En avril 2024, l’équipe médicale de MSF à Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, a hospitalisé 1 250 enfants souffrant de malnutrition sévère avec complications au centre nutritionnel thérapeutique, soit le double par rapport à la même période en 2023. Contraint d’augmenter sa capacité en urgence, le centre accueillait 350 patients à la fin du mois de mai, bien au-delà des 200 lits initialement prévus pour le pic de malnutrition en juillet et août. Toujours dans le nord-est, la structure gérée par MSF dans l’hôpital de Kafin Madaki, dans l’Etat de Bauchi, a enregistré une augmentation de 188% des admissions d’enfants souffrant de malnutrition sévère au cours du premier trimestre 2024, comparé à la même période en 2023.
Dans l’Etat de Zamfara, au nord-ouest du pays, les centres hospitaliers de Shinkafi et Zurmi ont reçu en avril jusqu’à 30% d’admissions de plus qu’au mois de mars. Les centres hospitaliers de MSF, dans des grandes villes comme Kano et Sokoto, signalent les mêmes tendances alarmantes, avec des admissions respectivement en hausse de 75% et 100%. Le centre nutritionnel thérapeutique de l’Etat de Kebbi a également enregistré une augmentation de plus de 20% de patients admis entre mars et avril 2024. À Katsina, le nombre d’enfants hospitalisés a augmenté de 24 % au cours des mois d'avril et de mai par rapport à la même période l'année dernière.