La semaine dernière, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié de nouvelles données concernant la tuberculose dans le monde : 1,6 million de personnes sont mortes et 10 millions de nouveaux cas de la maladie ont été déclarés en 2017. La tuberculose demeure la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde.
Une des raisons de ce constat accablant est le sous-diagnostic : ces sept dernières années, plus d’un tiers des personnes vivant avec la tuberculose n’ont pas été dépistées. Un autre enjeu majeur est la lenteur avec laquelle les pays mettent à disposition les outils de dépistage et de traitement disponibles. Par exemple, l’OMS a recommandé dès 2013 l’utilisation d’un nouveau médicament, la bédaquiline, en l’ajoutant aux médicaments existants contre la tuberculose multirésistante aux antibiotiques (TB-MR), mais en 2017 il restait inaccessible pour près de 90 % des personnes qui en auraient eu besoin. En août 2018, l’OMS a recommandé d’utiliser en priorité la bédaquiline – plutôt que des médicaments injectables – pour le traitement de toutes les personnes souffrant de TB-MR. Les gouvernements doivent agir rapidement pour étendre l’accès à ces traitements moins toxiques, plus efficaces et sans injections.
« Dans les pays où nous sommes présents, nous avons été témoins de trop de décès, à cause du manque d’accès aux meilleurs traitements contre la tuberculose disponibles aujourd’hui, qui sont plus efficaces et entraînent moins d’effets secondaires graves, explique le Dr. Gabriella Ferlazzo, spécialiste de la tuberculose et du VIH/Sida pour MSF en Afrique du Sud. Le 26 septembre, les dirigeants mondiaux doivent prendre des engagements forts en faveur d’un développement rapide de nouveaux outils permettant un dépistage et un traitement rapides de la maladie. »
Pendant des décennies, la recherche et le développement (R&D) en matière de dépistage et de traitement de la tuberculose est restée largement sous-financée. Les outils contre la tuberculose n’ont quasiment pas changé depuis les années 1940, et seuls deux nouveaux antituberculeux ont été élaborés au cours des cinquante dernières années. Résultat : seulement 25 % des personnes souffrant de TB-MR sont correctement diagnostiquées et soignées. Et les patients qui ont la « chance » d’être mis sous traitement doivent endurer deux ans de traitement, composé de 170 piqûres et plus de 12 000 comprimés, pouvant causer des effets secondaires lourds (incluant surdité et psychoses). Seulement 55 % des patients mis sous traitement guérissent.
De nouveaux traitements plus simples et plus courts, incluant la bédaquiline, doivent voir le jour. Et si on veut espérer lutter efficacement contre la maladie, il est urgent de développer des tests de dépistage simples et rapides, et des vaccins efficaces pour les adultes et les enfants.