Selon les Nations unies, plus de huit millions de personnes ont déjà été forcées de fuir leur domicile et ont été déplacées à plusieurs reprises, et on estime que 25 millions de personnes, soit la moitié de la population du pays, ont besoin d'une aide humanitaire. « En plus des décès liés à la violence, nous voyons des enfants qui meurent à cause de la malnutrition et du manque de vaccins, des femmes qui souffrent de complications après des accouchements dangereux, des victimes de violences sexuelles et des personnes atteintes de maladies chroniques qui n'ont pas accès à leurs médicaments », poursuit M. Stowell. « Malgré tout cela, il existe un vide humanitaire extrêmement inquiétant. »
Bien que MSF travaille en bonne coopération avec le ministère de la Santé, le gouvernement du Soudan a constamment et délibérément entravé l'accès à l'aide humanitaire, en particulier dans les zones qu'il ne contrôle pas : il refuse systématiquement de délivrer des permis de circulation pour la traversée des lignes de front du personnel et du matériel humanitaire, a restreint l'utilisation des postes frontières et a mis en place un processus très restrictif pour l'obtention de visas humanitaires.
« Aujourd'hui, notre plus grand défi est la pénurie de fournitures médicales. Nous n'avons plus de matériel chirurgical et nous sommes sur le point de devoir cesser notre travail si le matériel n'arrive pas », explique Ibrahim*, un médecin de MSF travaillant à Khartoum, une ville soumise à un blocus depuis six mois. La ville de Wad Madani connaît une situation similaire depuis janvier.
Dans les zones contrôlées par RSF, où opèrent également différents groupes armés et milices, les établissements de santé et les entrepôts ont été fréquemment pillés au cours des premiers mois du conflit. Les incidents se poursuivent et des travailleurs médicaux, en particulier du ministère de la santé, sont régulièrement harcelés et arrêtés.