La bédaquiline, médicament antituberculeux développé par Johnson & Johnson, est un pilier du protocole de traitement de la tuberculose recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Plus court, mieux toléré et plus efficace pour les personnes atteintes de tuberculose multirésistante, le traitement à base de bédaquiline a constitué une nette amélioration dans le traitement de la maladie. L’accès à des versions génériques continue pourtant d’être bloqué par les « brevets secondaires » obtenus par Johnson & Johnson dans de nombreux pays où la tuberculose est très répandue. Cette stratégie de prolongation des brevets employée par Johnson & Johnson pour perpétuer son monopole sur ce médicament au-delà de 20 ans est scandaleuse, d’autant plus que les fonds publics investis pour son développement ont été jusqu’à cinq fois supérieurs au montant de l’investissement en fonds propres de l’entreprise.
Malgré les progrès réalisés dans la lutte contre la tuberculose, cette maladie reste la première cause de mortalité de nature infectieuse, avec environ 10,6 millions de nouveaux cas et 1,6 million de décès en 2021. Cette année-là, on estime que seulement un tiers des personnes atteintes de tuberculose multirésistante avaient pu accéder à un traitement, les autres n'ayant pas été diagnostiquées et n'ayant donc pas été traitées.
« Malgré nos efforts constants pour fournir un traitement contre la tuberculose multirésistante, il est décourageant de faire face à autant de décès, qui surviennent particulièrement pour les patients les plus vulnérables comme les personnes vivant avec le VIH, celles touchées par les conflits ou encore les enfants », a déclaré le Dr Cathy Hewison, coordinatrice du groupe d’experts de la tuberculose de MSF. « Il est urgent de fournir un accès généralisé aux meilleurs traitements et tests diagnostiques. »