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Tuberculose : MSF appelle Cepheid et Johnson & Johnson à diminuer les prix des tests et des traitements

Nanyanyiso Baloi tient dans sa main son traitement contre la tuberculose multirésistante, incluant la delamanide et la bédaquiline, à Khayelitsha dans la métropole du Cap en Afrique du Sud.
Nanyanyiso Baloi tient dans sa main son traitement contre la tuberculose multirésistante, incluant la delamanide et la bédaquiline, à Khayelitsha dans la métropole du Cap en Afrique du Sud. © Sydelle WIllow Smith

Le 22 septembre, les dirigeants du monde entier se retrouveront pour la seconde réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose (TB) aux Nations Unies (ONU) à New York, afin de ratifier des accords ambitieux visant à intensifier le dépistage, le traitement et la prévention de la tuberculose à l’aide des nouveaux tests diagnostiques et traitements apparus au cours de la dernière décennie. Ces produits ne bénéficient pourtant pas à des centaines de milliers de personnes qui en ont besoin, et ce en grande partie à cause des positions de monopole de grandes entreprises. Médecins sans Frontières (MSF) appelle les laboratoires américains Cepheid et Johnson & Johnson à s’engager publiquement, avant le sommet mondial du 22 septembre, à prendre des mesures pour améliorer l’accès aux tests GeneXpert et à la bédaquiline, un médicament vital contre la tuberculose.

La technologie des tests GeneXpert, développée par la société Cepheid, a révolutionné le diagnostic de la tuberculose depuis son entrée sur le marché en 2010. Pourtant, les tarifs élevés pratiqués par Cepheid entravent le recours généralisé aux tests GeneXpert pour toutes les personnes qui en ont besoin, obligeant de nombreux acteurs à se rabattre sur des tests basés sur l’utilisation de microscopes, mis au point dans les années 1800, moins coûteux mais aussi moins précis. Cepheid facture actuellement entre 10 et 15 dollars par cartouche de test GeneXpert TB ; MSF demande à Cepheid et sa société mère, Danaher, de baisser le prix unitaire de tous ses tests à 5 dollars. L’analyse de MSF a en effet permis d’estimer que la fabrication d’une cartouche de test GeneXpert coûte moins de 5 dollars à Cepheid, alors que l’entreprise facture à MSF et aux pays à forte prévalence de TB et à revenus faibles ou intermédiaires le double, voire le triple.

MSF demande également à Johnson & Johnson de renoncer aux brevets secondaires sur la bédaquiline dans les pays à forte prévalence de tuberculose. MSF a récemment salué la baisse du prix de la bédaquiline à 130 dollars pour un traitement de six mois grâce au partenariat « Stop TB – Global Drug Facility (GDF) », qui a permis l’entrée sur le marché de producteurs de génériques. Ce prix permet de s’approcher de l’objectif de 0,50 dollar par jour de traitement avec la bédaquiline, tel qu’il avait été estimé en 2017. Toutefois, de nombreux pays à forte prévalence de TB, principalement en Asie centrale et en Europe de l’Est, sont exclus de cet accord et n’ont pas accès à ces génériques plus abordables en raison d’obstacles liés aux brevets secondaires détenus par Johnson & Johnson.

« Après un demi-siècle, nous disposons enfin de médicaments antituberculeux révolutionnaires comme la bédaquiline et de tests fiables comme le GeneXpert. Pourtant, dans les pays où la tuberculose est la plus répandue, des personnes continuent de mourir ou d'endurer des souffrances inutiles parce que des monopoles d'entreprise les empêchent d'avoir accès à ces produits qui sauvent des vies », a déclaré le Dr Christos Christou, président international de MSF. « Nous demandons à Johnson & Johnson, Cepheid et sa société mère Danaher de faire immédiatement le nécessaire et de s'engager à rendre la bédaquiline et le test GeneXpert disponibles et abordables partout dans le monde, afin d'aider les pays à lutter contre cette maladie mortelle et de sauver de nombreuses vies. »

La bédaquiline, médicament antituberculeux développé par Johnson & Johnson, est un pilier du protocole de traitement de la tuberculose recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Plus court, mieux toléré et plus efficace pour les personnes atteintes de tuberculose multirésistante, le traitement à base de bédaquiline a constitué une nette amélioration dans le traitement de la maladie. L’accès à des versions génériques continue pourtant d’être bloqué par les « brevets secondaires » obtenus par Johnson & Johnson dans de nombreux pays où la tuberculose est très répandue. Cette stratégie de prolongation des brevets employée par Johnson & Johnson pour perpétuer son monopole sur ce médicament au-delà de 20 ans est scandaleuse, d’autant plus que les fonds publics investis pour son développement ont été jusqu’à cinq fois supérieurs au montant de l’investissement en fonds propres de l’entreprise.

Malgré les progrès réalisés dans la lutte contre la tuberculose, cette maladie reste la première cause de mortalité de nature infectieuse, avec environ 10,6 millions de nouveaux cas et 1,6 million de décès en 2021. Cette année-là, on estime que seulement un tiers des personnes atteintes de tuberculose multirésistante avaient pu accéder à un traitement, les autres n'ayant pas été diagnostiquées et n'ayant donc pas été traitées.

« Malgré nos efforts constants pour fournir un traitement contre la tuberculose multirésistante, il est décourageant de faire face à autant de décès, qui surviennent particulièrement pour les patients les plus vulnérables comme les personnes vivant avec le VIH, celles touchées par les conflits ou encore les enfants », a déclaré le Dr Cathy Hewison, coordinatrice du groupe d’experts de la tuberculose de MSF. « Il est urgent de fournir un accès généralisé aux meilleurs traitements et tests diagnostiques. »

Notes

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