Ukraine : les témoignages des patients du train médicalisé de MSF attestent d’attaques indiscriminées et récurrentes contre les civils

Arrivée du train médicalisé à Lviv. 1er avril 2022. Ukraine.
Arrivée du train médicalisé à Lviv. 1er avril 2022. Ukraine. © MSF

Les données médicales et récits des patients évacués par le train de référence médicale de Médecins Sans Frontières (MSF) montrent que les civils sont exposés à une violence aveugle et indiscriminée. Plus de 40 % des blessés pris en charge étaient des personnes âgées et des enfants, souffrant de blessures à la suite d’explosions, d'amputations traumatiques, d'éclats d'obus et de blessures par balle. Ces données et témoignages accablants sont compilés dans un rapport publié par MSF No mercy for civilians. Troubling accounts from the MSF medical train in Ukraine

Entre le 31 mars et le 6 juin, MSF a procédé à l'évacuation médicale par train de 653 patients provenant des régions les plus touchées par la guerre dans l'est du pays. Au cours du voyage, qui dure de 20 à 30 heures, des infirmières et médecins ont surveillé l’état de santé des patients et leur ont prodigué des soins pour que leurs conditions restent stables jusqu’à des hôpitaux situés dans des régions plus sûres. De nombreuses personnes ont partagé leurs expériences douloureuses avec le personnel de MSF.

« Les blessures de nos patients et les histoires qu'ils racontent montrent incontestablement un niveau choquant de violence aveugle infligée aux civils », explique Christopher Stokes, coordinateur d'urgence de MSF. « De nombreux patients du train MSF ont été blessés par des attaques qui ont touché des zones résidentielles civiles. Bien que nous ne puissions pas spécifiquement démontrer une intention de cibler des civils, la décision d'utiliser massivement des armes lourdes sur des zones densément peuplées signifie que des civils sont inévitablement, et donc sciemment, tués et blessés. »

Les patients et leurs accompagnants dans le train racontent des histoires tragiques d'enfants, d'hommes et de femmes pris au piège du conflit, bombardés dans des abris, attaqués lors d'évacuations et gravement blessés dans des explosions, par des bombes, par des tirs, ou par des mines et des éclats d'obus. Certains patients déclarent avoir été blessés dans leur maison. D'autres ont essuyé des tirs d'armes lourdes alors qu'ils tentaient de se rendre dans des zones plus sûres.

La plupart des patients à qui nous avons parlé ont désigné les forces militaires russes et celles soutenues par la Russie comme responsables de leurs blessures.

Les personnes transférées dans le train MSF sont pour la plupart des patients qui nécessitent une longue hospitalisation ou des personnes récemment blessées qui ont besoin de soins post-opératoires. Sur plus de 600 patients transportés et soignés dans le train médical de MSF en deux mois, 355 ont été blessés en conséquence directe de la guerre. Les blessures à la suite d’une explosion représentent 73 % des cas de traumatismes liés à la guerre, 20 % étant causées par des éclats d'obus ou des coups de feu et le reste par d'autres incidents violents. Plus de 10 % des patients souffrant de traumatismes liés à la guerre ont perdu un ou plusieurs membres, le plus jeune ayant à peine six ans. 11 % des patients souffrant de traumatismes liés à la guerre ont moins de 18 ans, et 30 % plus de 60 ans. 

« Je me rendais aux toilettes quand une explosion s'est produite. J'ai perdu connaissance et je suis tombée. Quand je suis revenue à moi, mon visage était couvert de sang séché. J'avais une fracture ouverte du bras et j'ai dû aussi me casser le nez en tombant. J'étais seule et j'avais mal, je criais à l'aide mais personne ne m'entendait. Plus tard, un volontaire m'a trouvée et a passé deux jours à essayer d'appeler une ambulance qui me conduirait à l'hôpital. », a raconté une femme de 92 ans de Lyman, dans la région de Donetsk.

MSF en Ukraine

MSF a commencé à travailler en Ukraine en 1999. Depuis le 24 février 2022, nous avons considérablement augmenté et réorienté nos activités pour répondre aux besoins causés par la guerre en Ukraine. Cela comprend un train médical de référence qui reçoit les patients des hôpitaux proches des lignes de front à l'est qui reçoivent ou se préparent à recevoir des afflux de patients nouvellement blessés, et les transfère vers les hôpitaux de l'ouest du pays, où ils peuvent poursuivre leur traitement. Le train médical est géré en collaboration avec le ministère de la Santé ukrainien et les chemins de fer nationaux.

Entre le 31 mars et le 6 juin, MSF a transporté et soigné 653 patients à bord du train. Dans l'est et le sud du pays, MSF gère également un système de référence par ambulance. Bien que MSF fournisse une assistance médicale dans les régions touchées par de violents combats dans l'est et le sud de l'Ukraine et sur le train de référence, nous n'avons pas d'accès direct aux endroits d'où proviennent la plupart de nos patients et où les combats sont les plus brutaux. MSF fournit également une assistance médicale et humanitaire aux personnes déplacées dans d'autres régions d'Ukraine, notamment en offrant des soins de santé mentale, en traitant les survivants de violences sexuelles, en gérant des cliniques mobiles et en donnant des fournitures médicales et autres aux hôpitaux. Des équipes chirurgicales apportent également leur aide dans les hôpitaux de l'est et du sud, où MSF assure également le transport en ambulance entre les hôpitaux. Nos équipes fournissent également une assistance humanitaire aux personnes originaires d'Ukraine dans les pays voisins, à savoir la Biélorussie, la Pologne, la Russie et la Slovaquie.

Notes

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