L’autre obstacle principal fut la répartition profondément déséquilibrée des responsabilités dans la version initiale de l'accord encadrant l’approvisionnement en vaccins, ce qui a entraîné des mois de négociations. Dans ces accords, UNICEF, GAVI (l'alliance mondiale pour les vaccins) et le fabricant de vaccins transféraient à MSF une part de leur responsabilité pour leurs propres rôles et implications dans ce dispositif et demandaient à MSF de renoncer à certains de ses recours juridiques contre les partenaires COVAX voire, dans certains cas, à indemniser ces partenaires pour leurs pertes et les réclamations de tiers. En outre, le nombre important de contrats et d'interlocuteurs génère un manque de responsabilité pour le fonctionnement général du dispositif.
« Après plus de quatre mois de discussions, nous étions sur le point de parvenir à un accord plus équilibré (bien que loin d'être parfait). Mais les autorités turques ont récemment informé notre partenaire Al Ameen que nous n’avions plus la possibilité de mener l’activité, et ont planifié autrement la vaccination contre la COVID-19 » déclare Sarah Chateau. « Ce système de réserve peut potentiellement soutenir des millions de personnes, notamment parmi les populations les plus difficiles à atteindre. Selon les informations publiques, 2,5 millions de doses ont été validées en mars 2022, et bien que d'autres demandes soient en cours de traitement, cela ne représente qu'une infime fraction des 155 millions de doses annoncées comme objectif au début de l’année 2022. Dans l'intérêt du travail collectif de préparation et de prévention face à la pandémie, nous appelons les autres partenaires à travailler à l'amélioration du système. Les délais de négociations inacceptables, la complexité excessive des contrats, le manque de transparence et la répartition déséquilibrée des responsabilités sont autant de problèmes qui doivent être résolus de toute urgence. Nous reconnaissons et félicitons cette initiative, mais le système actuel ne remplit pas son objectif et, plus important encore, délaisse les populations qu'il est censé servir », conclut Sarah Château.