Yémen : plus de 35 000 enfants souffrant de malnutrition ont été traités dans des structures soutenues par MSF entre 2022 et 2024

Une infirmière au chevet d'Ali Amin, un garçon de 6 mois, à l'ITFC de l'Hôpital Général d'Abs soutenu par MSF, le mercredi 4 mars 2025. © Majdi Al Adani/MSF
Une infirmière au chevet d'Ali Amin, un garçon de 6 mois, à l'ITFC de l'Hôpital Général d'Abs soutenu par MSF, le mercredi 4 mars 2025. © Majdi Al Adani/MSF

Face à une situation qui demeure alarmante, MSF appelle à une mobilisation urgente.

Médecins Sans Frontières (MSF) alerte sur l’ampleur de la crise humanitaire liée à la malnutrition au Yémen, où les besoins de la population dépassent de loin les capacités de traitement existantes. Entre janvier 2022 et décembre 2024, les structures soutenues par MSF ont traité 35 442 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition dans cinq gouvernorats : Amran, Saada, Hajjah, Taïz et Hodeida. Ces chiffres traduisent les difficultés quotidiennes des familles à acheter de la nourriture et à accéder aux soins de santé dans un pays marqué par des années de conflit et d'instabilité, et par la détérioration de son économie. 

« Les enfants arrivent dans un état de plus en plus critique. L’aide n'arrive tout simplement pas assez vite par rapport aux besoins des gens », déclare Himedan Mohammed, responsable des opérations MSF au Moyen-Orient. « Si nous n'agissons pas maintenant en renforçant les programmes de nutrition, en assurant un coût abordable pour le transport vers les établissements de santé et en rapprochant les soins des personnes qui en ont besoin, la malnutrition risque d’augmenter encore davantage dans les mois à venir. » 

La malnutrition est aggravée, entre autres, par l’insuffisance des infrastructures de santé et de la couverture vaccinale. Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), en avril 2024, près de 46 % des établissements de santé au Yémen étaient partiellement fonctionnels ou complètement à l'arrêt. 

Malgré l’augmentation de ses capacités de traitement, MSF ne peut pas seule répondre à tous les besoins. Chaque pic annuel de malnutrition dépasse les capacités des structures de soins, qui doivent faire face à un nombre considérable d'enfants nécessitant une prise en charge, beaucoup d'entre eux souffrant également de rougeole, de choléra et de diarrhée aqueuse aiguë. En septembre dernier, pendant le pic annuel de malnutrition, le taux d'occupation des lits dans la plupart des établissements soutenus par MSF a atteint des niveaux extrêmement élevés. C’est le cas de l'hôpital Al-Salam, dans le gouvernorat d'Amran, où le taux d'occupation des lits avait atteint 254 % ce mois-là. Le personnel de santé est souvent contraint de soigner les patients dans des couloirs bondés et des espaces de fortune. 

Aisha a emmené sa fille Zahra'a, âgée de cinq mois, à l'hôpital Al-Salam pour qu'elle y reçoive des soins vitaux. « Nous avons voyagé plus de deux heures et dépensé 15 000 riyals yéménites [environ 61 dollars US] pour arriver ici », dit-elle. « Avec un seul revenu pour faire vivre notre famille de 12 personnes, nous pouvons à peine subvenir à nos besoins quotidiens, et les centres de santé les plus proches ne disposent pas de services spécialisés pour traiter la malnutrition. » 

« J'ai peur de la perdre, c'est la seule fille de la famille. J'espère qu'elle se remettra vite et que d'autres organisations viendront ici pour apporter leur soutien aux gens, en particulier à ceux qui n'ont pas assez de nourriture ou de moyens de subsistance. » 

La suspension et la réduction des programmes d'aide alimentaire ont aggravé les difficultés de la population. En 2023 et 2024, plus de 10 000 enfants ont été soignés dans l'unité soutenue par MSF à l'hôpital d'Ad-Dahi, dans le gouvernorat d'Hodeida. L'hôpital d’Abs, dans le gouvernorat de Hajjah, a enregistré de son côté un très fort taux d'occupation des lits de 200 % en septembre 2024, puis de 176 % en octobre, soit les niveaux les plus élevés de ces six dernières années. 

Compte tenu des coupes drastiques et soudaines dans le financement humanitaire au Yémen, il est essentiel que les principaux bailleurs de fonds maintiennent leur engagement et fassent preuve de réactivité pour faire face à l'aggravation de la crise humanitaire dans le pays. Des financements adéquats et prévisibles sont nécessaires, ainsi que des partenariats plus solides entre le ministère de la Santé, les bailleurs de fonds et les organisations présentes sur le terrain, afin de rouvrir des structures de soins en particulier dans les zones les plus affectées par les fermetures. MSF appelle ces parties prenantes à intensifier les efforts de vaccination au niveau communautaire afin de renforcer la prévention de maladies telles que la rougeole, le choléra et la diarrhée aqueuse aiguë. 

Il est également urgent d'améliorer les distributions alimentaires ciblées, notamment à destination des femmes enceintes et allaitantes et des enfants de moins de cinq ans, avant que leur santé ne soit menacée.

Consulter le rapport sur la malnutrition au Yémen (en anglais) : "Yemen's Rising Tides of Malnutrition"

Notes

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