Pourquoi Médecins Sans Frontières intervient ?
L’Organisation mondiale de la Santé estime le nombre de nouveaux cas de cancer en Afrique en 2018 à plus d’un million. Les maladies non transmissibles, au premier rang desquelles le cancer, pourraient devenir une des toutes premières causes de mortalité en Afrique dans les prochaines décennies, alors que le continent lutte toujours contre les ravages des maladies infectieuses telles que le paludisme, la tuberculose et le VIH/Sida. D’après l’agence internationale de recherche sur le cancer, il y a eu plus de 13 000 nouveaux cas de cancer au Mali en 2018 ; majoritairement des cancers du sein et du col de l’utérus.
En raison de la difficulté d’accès à des soins spécialisés, de la méconnaissance de la maladie et de croyances tenaces, les patients s’orientent fréquemment vers des guérisseurs et marabouts à l’annonce de la maladie. Malgré les efforts des pouvoirs publics dans la prise en charge des cancers, les cas de rémission sont encore rares au Mali et le parcours thérapeutique reste extrêmement compliqué et financièrement hors de portée pour beaucoup.
En effet, certains médicaments anticancéreux ainsi que les cures de chimiothérapie et de radiothérapie sont mises à disposition gratuitement par l’État. Mais tout le reste – imagerie, biopsies, consultations, bilans entre chaque cure de chimiothérapie, antidouleurs et médicaments – demeure payant. Les médicaments injectés lors des cures de chimiothérapie sont fréquemment en rupture de stock et les patients et leur famille doivent alors se les procurer en pharmacie. Sur la durée, c’est un coût financier impossible à supporter pour certaines familles et l’on constate alors des interruptions de traitement.
Aux coûts financiers dissuasifs s’ajoute aussi le manque de spécialistes et de services dédiés. Ces barrières financières et matérielles expliquent en grande partie pourquoi la plupart des patients pris en charge dans le service public d’hémato-oncologie du pays à l’Hôpital Universitaire du Point G à Bamako se trouvent à un stade avancé de la maladie. Pour ces patients, avec un cancer de stade 3 ou 4, les options thérapeutiques sont réduites voire inexistantes. La rémission n’est plus possible, et pour l’équipe soignante, il ne s’agit alors plus de guérir mais de soulager et d’accompagner. C’est pourquoi MSF a commencé à fournir des soins palliatifs et de support gratuits depuis novembre 2018 à l’hôpital du Point G et au domicile des patients.