Protection et sécurité
Le terme protection ne doit donc pas être confondu avec la garantie d’une sécurité physique des individus qui même en temps de paix est imparfaitement assurée par l’état de droit et les structures d’ordre public ou l’éventuel recours individuel aux services de gardes du corps.
Plus récemment, le terme de protection a été introduit dans les mandats des forces de maintien de la paixdes nations unies pour désigner des zones protégées ou des populations « protégées » par les contingents internationaux. L’emploi du terme protection est abusif et trompeur dans ce contexte car il ne garantit pas la sécurité physique des populations en danger contrairement à ce qu’il laisse croire. Il s’agit d’une simple clarification de leur mandat, les autorisant à recourir à la force en cas de menace imminente contre des populations situées a proximité des zones de déploiement des soldats internationaux et dans la limite des moyens disponibles. Cette clarification est destinée à éviter les scandales liés à l’inaction de casques bleus face au massacre de population civile survenus dans le passé. Mais ces mandats ne créent aucune obligation de moyens ni de résultat permettant aux forces armées internationales d’assurer la sécurité des populations. Il n’existe de toute façon pas de doctrine militaire capable d’établir l’ordre et la sécurité publique par le simple usage de la force armée fut-elle internationale.
Le terme de « protection » est également associé depuis 2001 à la doctrine relative à la « responsabilité de protéger » adoptée par les Nations Unies et invoquée par le Conseil de sécurité de l’ONU en 2011 pour justifier l’intervention armée internationale en Lybie. Dans le cadre de cette doctrine, les attaques d’un gouvernement contre sa propre population pourraient justifier une action du Conseil de Sécurité des Nations Unies telle que le déclenchement d’une intervention armée internationale ou encore la saisine de la Cour pénale internationale, aux fins de jugement des dirigeants concernés. Même si le souci de protection sert de justification à ces actions, celles-ci vont en général produire une radicalisation et une intensification des affrontements dans un premier temps avant de permettre à long terme un éventuel affaiblissement militaire, politique ou judiciaire des autorités nationales visées par ces actions internationales.