« Je sais qu'ils n’offrent pas l’asile, mais nous n'avions pas d'autre possibilité. On voulait qu'ils nous écoutent, qu’on puisse leur dire qu’on était menacés de mort. La première fois, ils nous ont arrêtés et ont pris des photos, nos empreintes digitales et, sans aucune explication, nous ont ramenés à Piedras Negras.
Ensuite, nous avons essayé d’atteindre les États-Unis en traversant de nuit. Ils nous ont arrêtés et mis dans ce qu'ils appellent des « glacières » [salles de détention maintenues à des températures inconfortablement basses] avec les enfants. Nous nous sommes allongés avec des couvertures sur le sol. Ils nous ont donné des pommes, des biscuits et de l'eau. Cette fois, ils nous ont un peu mieux traités. Un agent d'immigration nous a expliqué qu'ils allaient nous renvoyer au Mexique en vertu du titre 42.
Ils ont donné des couches à ceux qui avaient des bébés. Ma fille était malade, elle avait de la fièvre. À l'aube, ils nous ont mis dans un camion de la patrouille frontalière, nous étions tous honduriens. C'était le 28 décembre 2021.
Ils jettent souvent les papiers d’identité des migrants. Lorsque nous avons été détenus aux États-Unis, ils ont jeté tout ce que nous avions apporté. Papiers, vêtements, médicaments, lait pour bébé. Pourquoi jettent-ils nos affaires à la poubelle ? Alors qu’ils nous renvoient au Mexique… Pour eux, ce sont des objets sans importance, mais c’est tout ce que nous avons.
Ils expliquent qu'à cause de la covid-19, ils ne peuvent pas nous accueillir aux États-Unis, mais lorsque nous étions en détention, ils n'ont même pas pris notre température. Il n'y a pas de distanciation physique dans les cellules et ils nous ont proposé du gel antibactérien uniquement lorsqu'ils ont pris nos empreintes digitales. Personne ne nous a demandé si nous avions des symptômes de la covid-19.
Le problème au Mexique, c'est que même si vous avez des papiers d’identité et que vous êtes en règle, la police vole toujours votre argent.
Ce qu'il nous reste à faire, c'est attendre dans la rue, en nous protégeant des groupes armés qui se trouvent au Mexique. Ça ne me poserait pas de problème si nous recevions une aide de l’État mexicain, mais ce n’est pas le cas. Et nous savons qu'il y a des milliers de personnes dans notre cas, en attente d'asile. »