Quelle est la situation concernant nos collègues afghans actuels et anciens, compte tenu de leurs inquiétudes concernant la sécurité et leur volonté, pour certains, de quitter le pays ?
Beaucoup de nos collègues, pour différentes raisons et de différentes façons, ont manifesté leurs craintes : persécutions par les talibans ou difficultés à vivre sous ce nouveau régime. Ces peurs sont parfois liées à leurs liens familiaux, leurs groupes d’appartenance, leurs expériences professionnelles passées, leur militantisme en dehors de MSF, mais aussi aux postes qu’ils ont occupés chez MSF. Nous prenons leurs préoccupations à cœur, évidemment, mais cela doit être étudié au cas par cas, car de nombreux facteurs rentrent en compte. Par exemple, certains de nos anciens salariés ont vécu des événements tragiques, comme l’attaque sur la maternité de Dacht-e-Barchi en mai 2020. Beaucoup d’entre eux appartiennent à l’ethnie hazara, historiquement discriminée et victime de violences par l’État islamique ou les talibans eux-mêmes. On peut dès lors comprendre que, malgré les engagements pris par les talibans et leur souhait affiché de les respecter, ces collègues ou anciens collègues vivent avec angoisse ce retour au pouvoir.