Dans son nouveau rapport « Blessures invisibles », MSF analyse les données quantitatives d'une douzaine de projets et d'interventions d'urgence qu’elle mène en RCA. Si davantage de survivants de violences sexuelles ont eu accès à une assistance au cours des cinq dernières années, de nombreuses lacunes subsistent partout : de la fourniture de soins médicaux complets aux de soins de base, des soins psychiatriques les plus sophistiqués pour les cas compliqués au soutien psychosocial primaire. Les survivants n’ont pas non plus accès à la protection ni au soutien socio-économique et juridique.
« Les patients sont confrontés à de nombreux obstacles pour obtenir des soins en temps voulu, notamment la peur, le manque de moyens de transport ou de ressources, l'inefficacité des parcours de soins..., explique Liliana Palacios, conseillère en santé MSF. Dans certains endroits, MSF a reçu des patients ayant parcouru 130 kilomètres, ce qui peut représenter de très longues heures voire jours de voyage vu le mauvais état du réseau routier en RCA. Parfois, les patients n'ont cherché à se faire soigner que plusieurs années après avoir subi les agressions. »
Le viol est une urgence médicale. Pour une prise en charge optimale, la victime devrait être examinée dans les 72 heures suivant l'agression afin de recevoir une prophylaxie post- exposition pour prévenir l'infection par le VIH et, le cas échéant, recevoir une contraception d'urgence dans les 120 heures pour éviter une grossesse non-désirée. Il est également important que les survivants soient reçus peu de temps après l'agression afin d’effectuer des examens médicaux susceptibles de faciliter l'accès à la justice. En dehors de cette période, il reste important que les survivants aient accès à des soins médicaux et à d'autres services. Sur la période 2018-2022, à peine trois personnes sur dix (32 %) sont arrivées dans nos établissements de santé dans cette fenêtre des 72 premières heures suivant l'agression. Néanmoins, une amélioration significative a été constatée, passant de 15,98 % en 2018 à 35,12 % en 2022, avec des progrès annuels constants.