Ebola en Ouganda : « Le plus dur, c’est de se rendre compte qu’un patient ne survivra pas »

Ruggero Giuliani en discussion avec des collègues MSF à Mubende. Ouganda. 2022.
Ruggero Giuliani en discussion avec des collègues MSF à Mubende. Ouganda. 2022. © MSF

Depuis la déclaration de l’épidémie d’Ebola par les autorités ougandaises le 20 septembre 2022, plus de 135 cas confirmés et quelque 50 décès ont été recensés. Le Dr Giuliani Ruggero travaille dans le centre de traitement Ebola MSF de Mubende et témoigne des difficultés auxquelles il doit faire face en tant que soignant.

J’ai travaillé en continu avec Médecins Sans Frontières entre 2003 et 2017, et j’ai une bonne connaissance d’Ebola. J'étais coordinateur médical à Monrovia, au Liberia, au plus fort de l'épidémie qui a touché l’Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016. Ce fut une expérience vraiment très traumatisante, car nous étions submergés par le nombre de patients et les décès étaient extrêmement importants.

Avec Ebola, en tant que médecin, on doit réaliser des gestes médicaux qui vont au-delà de notre champ pratique. J’ai dû réaliser moi-même des soins infirmiers, par exemple, installer des perfusions en intraveineuses, mais aussi des opérations plus courantes, mais absolument nécessaires, comme le nettoyage à l’intérieur de la zone d’isolement. Dans le centre de traitement Ebola de Mubende, où nous travaillons avec MSF, il y avait deux zones, une pour les cas suspects, l’autre pour les cas confirmés, jusqu’à ce qu’une forte augmentation des admissions nous pousse à n'en faire qu’une. Il a fallu qu’on s’adapte et nous avons construit de nouvelles structures en conséquence.

L’équipement de protection individuel est essentiel, mais limite beaucoup nos mouvements et ne nous permet pas d’être 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 auprès de nos patients. Dans le centre de traitement de Mubende, on bénéficie d’une bonne structure, parce qu'il y a une partie dans laquelle on peut voir les patients et être au plus près d’eux sans avoir besoin d’y rentrer. De cette manière, on peut mieux surveiller leurs signes vitaux, ce qui est important, car leur état peut se détériorer rapidement. Si le niveau de saturation baisse, par exemple, on peut s’en apercevoir très rapidement et rentrer dans la structure pour donner de l’oxygène au patient.

Le plus dur, c’est de se rendre compte qu’un patient ne survivra pas : les symptômes sont trop graves, on a fait tout ce que l’on a pu, mais on sait que c’est la fin. D’un autre côté, on a aussi la chance de voir des patients vivants sortir de notre centre de traitement. Il y a peu, nous avons renvoyé six personnes guéries chez elles dans la même journée, c’était une belle victoire. Une des clés de la survie d’un patient est le stade auquel il est pris en charge : plus il arrive tôt, plus il a des chances de survivre.

Notes

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