Un des patients des équipes MSF décrit le centre de Zervou comme une « punition mentale ». Il quitte rarement sa chambre, pour éviter d'être confronté aux barbelés et à la présence policière. « Un autre facteur de stress majeur pour nos patients est le manque de clarté autour du processus d'asile, explique Sonia Balleron, coordinatrice de projet MSF à Samos. C’est un poids supplémentaire sur leur santé mentale et physique. » Les demandeurs d’asile n’ont pas accès aux informations sur leurs droits à un soutien juridique, médical et psychosocial et se rendent souvent au premier entretien de leur procédure sans avoir reçu de conseils adaptés.
« Si on compare le centre de Zervou aux camps précédents, il est juste de dire qu’il présente certaines améliorations, poursuit Sonia Balleron. Ces personnes habitent dans des conteneurs plutôt que dans des tentes et il y a moins de surpeuplement que dans les anciens camps. Cependant, le centre de Zervou est un environnement hostile et il échoue à offrir des conditions d’accueil humaines et dignes. »
L’éloignement du centre de Zervou contribue également à marginaliser les demandeurs d’asile et les bus qui font la liaison avec la ville de Vathy leur sont inabordables. Le centre fermé à accès contrôlé prévu à Lesbos devrait, quant à lui, être situé à 33 kilomètres de la ville de Mytilène. Une telle distance renforcerait d’autant plus le sentiment d’isolement, tout en mettant en évidence la logique de ségrégation qui sous-tend la construction de ces centres.