En septembre dernier, visitant un Ehpad, Emmanuel Macron déclarait « Pour protéger nos aînés, la vigilance ne doit pas signifier l’isolement. Le lien social et familial est tout aussi vital » et plusieurs études alertaient sur l’impact catastrophique d’un isolement complet des personnes âgées. Que s’est-il passé ? Pourquoi cette situation perdure ?
Après le confinement du printemps dernier, le discours public porté à la rentrée insistait à juste titre sur l’importance capitale de maintenir du lien social et familial dans les Ehpad, de favoriser les opportunités de socialisation tout en continuant d’adopter un certain nombre de mesures pour prévenir et contrôler les risques d’épidémie. Le lancement des campagnes de vaccination, ciblant en priorité les résidents des Ehpad et les personnes travaillant auprès d’eux, ont également fait espérer une forme de retour vers davantage de normalité dans des établissements qui sont initialement des lieux de vie. Or, depuis l'arrivée des nouveaux variants en début d’année, les recommandations émises par les autorités sanitaires, notamment les agences régionales de santé, et qui s’imposent de manière verticale aux Ehpad, préconisent l’isolement strict des résidents, y compris l’arrêt des visites, lorsqu’un épisode Covid survient dans un établissement.
Lors de nos interventions, nous avons travaillé plusieurs fois dans des établissements qui ne reprenaient pas les visites des familles et gardaient des personnes qui n’étaient pas infectées par le coronavirus isolées dans leur chambre pendant des mois « pour les protéger ».
Les directions et les équipes soignantes des Ehpad avec lesquelles j’ai travaillé au quotidien ces trois derniers mois sont prises en étau entre des recommandations dont elles ne sauraient s’affranchir, les pressions parfois ambivalentes et contradictoires des familles, de leur hiérarchie, des agences régionales de santé et leur volonté d’apporter le meilleur accompagnement possible aux résidents. Les équipes que j’ai rencontrées sont extrêmement conscientes du dilemme posé par ces recommandations très restrictives et de leurs effets, en particulier sur une longue période. Une question qui nous a fréquemment été posée est : « concrètement, comment s’y prendre autrement ? »