L’accord entre l’Union européenne et la Turquie adopté il y a 4 ans a plongé des milliers de gens dans le désespoir. Après avoir été bloqués sur l’île des mois - parfois des années -, les options qui s’offrent à eux sont le continent grec, le retour en Turquie ou dans leur pays d'origine. Ils quittent Lesbos malades, épuisés, parfois blessés et souvent atteints de troubles mentaux sévères. Arrivent ensuite de nouveaux réfugiés pour prendre leur place et être, à leur tour, écrasés par ce système. Les incendies ne sont pas des accidents à Moria, ce sont le produit d’une obsession : refouler migrants et demandeurs d’asile à tout prix.
Depuis le mois de mars, les couvre-feux liés à l’épidémie de coronavirus et les restrictions de mouvements des demandeurs d'asile à Moria ont été prolongés sept fois pour une période totale de plus de 150 jours. Lorsque les mesures de confinement à Lesbos ont été levées et que l'ensemble de la population a retrouvé sa liberté, les habitants de Moria sont restés prisonniers. Leur confinement a été renforcé sans pour autant améliorer leurs conditions de vie ou mettre en place une riposte à la Covid-19. Pour les habitants de Moria, les mesures de prévention - distanciation sociale ou lavage des mains - sont impossibles. Le message est clair : leur santé est moins importante que le maintien de la politique de dissuasion migratoire.
Alors que les équipes MSF, en collaboration avec les autorités de santé publique, avaient mis en place, dès le mois de mai, un centre de triage et d’isolement dans le camp, ce dernier a été fermé par les autorités locales, en juillet. Le décongestionnement du camp avait permis de transférer préventivement des personnes hors de Moria, en y laissant toutefois près de 200 personnes jugées vulnérables.