En arrivant au centre de santé de Nyamukubi, c'était comme si tous les villageois s’étaient rassemblés là. Les chambres étaient pleines de blessés. Il y en avait partout, sur les lits et par terre. C'était la panique, les gens pleuraient et criaient, et le personnel de santé local semblait dépassé.
La première chose que nous avons faite a été d'aider à gérer la foule et à trier les blessés. Nous avons identifié les patients les plus critiques, ceux qui avaient besoin de soins spécialisés pour survivre et ceux qui étaient modérément blessés et pouvaient donc être traités sur place. Deux patients souffrant de traumatismes crâniens sont décédés peu après notre arrivée.
Pendant ce temps, dans la ville de Kalehe, la deuxième équipe avait trouvé une situation très similaire, avec des dizaines de patients blessés qui avaient déjà été transférés du village de Bushushu.
Nous avons dû réfléchir rapidement, car nous étions confrontés à un défi majeur : la route principale traversant la zone sinistrée avait été coupée par le glissement de terrain et était désormais impraticable. Grâce à la communauté, nous avons identifié le propriétaire d'un bateau commercial qui effectuait des trajets quotidiens vers Goma via le lac Kivu. Nous avons loué le bateau, avant de faire quelques vérifications et adaptations, en déplaçant certains sièges pour pouvoir bien positionner les patients.
Ce même jour, nous avons utilisé le bateau pour transférer 16 personnes grièvement blessées de Nyamukubi vers Kalehe. Elles avaient des fractures ouvertes et fermées aux membres, des polytraumatismes… Comme nous n'avions du carburant que pour un court voyage, nous les avons d'abord emmenées au port de Kalehe, puis nous avons fait une série de voyages sur une route non goudronnée et très détériorée pour les emmener à l'hôpital de la ville, où ils ont rejoint 59 autres patients blessés.