Mali : donner aux communautés les moyens de se protéger contre le coronavirus

Le Mali a enregistré ses deux premiers malades du coronavirus le 25 mars. Depuis, le pays compte 1059 cas avérés, dont 67 décès. Dans un pays où distanciation sociale et confinement ne sont pas toujours applicables, la réponse à l'épidémie doit permettre à chacun de se protéger et d'éviter de propager le virus à son entourage. Depuis mi-avril, les équipes MSF, en partenariat avec le ministère de la Santé et des acteurs de la société civile locale, sillonnent les quartiers de Bamako pour sensibiliser la population aux gestes barrières et distribuer masques et savon.
Dès l'apparition du coronavirus, le gouvernement malien a instauré plusieurs mesures afin de limiter la propagation du virus sur son territoire : suspension des vols commerciaux, fermeture des écoles, interdiction des regroupements de plus de 50 personnes, couvre-feu de 21h à 5h, entre autres. En parallèle, l'offre de soins s'est peu à peu organisée. Mais la lutte contre la Covid-19 se déroule aussi et surtout à l’extérieur des hôpitaux.
Dans un pays comme le Mali où les logements sont souvent partagés par des familles qui peuvent compter plus d’une vingtaine de personnes et où une partie de la population vit de revenus obtenus au jour le jour, imposer un confinement à domicile aurait pu avoir des effets catastrophiques pour la population.
Un des piliers essentiels dans la lutte contre le coronavirus au Mali est la sensibilisation de la population sur l’importance de respecter les gestes barrières, ces mesures qui permettent de se protéger du virus et d’éviter de le propager autour de soi. En partenariat avec le ministère de la Santé et des acteurs de la société civile locale, MSF parcourt, depuis mi-avril, les quartiers de Bamako pour offrir aux communautés les moyens de se protéger.

1500 masques fabriqués par jour
MSF s’est associée à cinq ateliers de couture pour produire des masques en tissus adaptés à une utilisation grand public. La fabrication d’un masque, composé de deux couches de tissus, prend en moyenne une quinzaine de minutes.

Ces masques sont ensuite distribués dans le cadre d'activités communautaires menées dans les zones à risque, où des patients ayant contracté la Covid-19 ont été identifiés. L’objectif est de sensibiliser le voisinage et les proches du malade sur les mesures de précaution à prendre et de distribuer des masques, en prenant soin d’expliquer comment les utiliser. Deux masques sont distribués à chaque personne résidant dans un rayon d’une centaine de mètres environ autour du domicile du malade, ce dernier étant généralement isolé et pris en charge dans une structure de santé.

Ces distributions se déroulent en partenariat avec les chefs de quartier, les associations de jeunes, ainsi que les représentants des centres de santé de la zone concernée. Cela permet un suivi régulier au plus près des familles et l’implication de tout le quartier pour encourager au respect des gestes barrière.

Au total, plus de 30 000 masques ont été distribués dans les différents quartiers de Bamako depuis le début de l’intervention.

Savon et point d'eau pour un lavage de mains régulier
MSF installe également des points d’eau et du savon pour permettre de se laver les mains régulièrement et ainsi réduire les risques de transmission du virus. Environ 80 stations de lavage ont été mises en place à ce jour.

Il existe une prévalence importante des maladies chroniques telles que le diabète, le cancer, ou l’hypertension artérielle au Mali. Ces personnes font partie des personnes les plus à risque de développer des formes sévères de la maladie. MSF a ainsi commencé à travailler avec plusieurs associations de patients pour échanger sur la Covid-19, sur les moyens de s’en protéger, et pour disponibiliser masques et kits d’hygiène. Les mesures de prévention et de contrôle des infections ont été renforcées dans le projet d’oncologie mené depuis fin 2018 à Bamako.

Au sein des centres de santé communautaires, MSF apporte un appui en ressources humaines, en formation sur la prévention et le contrôle des infections, ainsi qu’une aide technique pour mettre en place des zones d’observation et d’isolement et un circuit de patients le plus sécurisé possible au sein des structures.
En parallèle des activités de prévention, des équipes de Médecins Sans Frontières prêtent main forte aux soignants du centre de prise en charge des maladies à potentiel épidémique, depuis le 22 mars 2020. Il s’agit d’une structure dédiée à la prise en charge de la Covid-19 au sein du Centre Hospitalier Universitaire du Point G à Bamako. A ce jour, 290 patients ont ainsi été pris en charge dans cette structure, dont 31 ayant développé des formes sévères de la maladie.
