D’autre part, les personnes secourues en Méditerranée centrale ont souvent vécu de nombreuses années en Libye, dans un contexte où les migrants sont systématiquement emprisonnés, en particulier par des trafiquants qui les torturent pour extorquer de l’argent à leurs proches. Les autorités italiennes ont d’ailleurs implicitement reconnu cette vulnérabilité particulière au début du mois de novembre, en laissant finalement débarquer la totalité des rescapés du Geo Barents, après une vaine tentative de sélection des migrants selon des critères médicaux. La conclusion des médecins dépêchés par les autorités italiennes était claire : toutes ces personnes avaient potentiellement besoin de soins médicaux et psychologiques et ces soins ne pouvaient être fournis à bord d’un bateau, même médicalisé.
Les délais de plus en plus longs pour l’assignation d’un lieu sûr de débarquement, tout comme les distances de plus en plus longues pour atteindre ce port, avant de revenir dans les zones de recherche et de secours, ont aussi des conséquences sur d’autres vies à secourir. Ces jours passés à attendre ou à faire du va-et-vient, ce sont des jours perdus pour secourir des personnes en détresse et donc, certainement, plus de personnes qui meurent en mer.