« Après avoir secouru les 99 personnes, il nous a fallu près de deux heures pour récupérer les dix corps restés au fond du bateau et les amener à bord du Geo Barents, afin qu'ils puissent bénéficier d'un enterrement digne une fois arrivés à terre, explique Fulvia Conte, cheffe adjointe de l'équipe de recherche et de sauvetage de MSF. C'est horrible et intolérable. C’est une autre tragédie en mer, qui aurait pu être évitée. »
Abdoulaye* a été l'un des derniers survivants à quitter le bateau en bois. Il n’a compris la situation qu'au moment où les sauveteurs de MSF l'ont aidé à monter dans le canot de sauvetage. « Laissez-moi voir leurs corps. Ce sont mes frères, nous venons du même endroit, nous avons traversé la Libye ensemble, a demandé Abdoulaye dès son arrivée sur le Géo Barents, la voix tremblante et les yeux fixés sur l'horizon. Je dois dire à leurs familles qu'ils sont morts ».
En moins de 24 heures, entre le 15 et le 16 novembre, MSF a secouru 186 personnes lors de trois sauvetages dans les eaux internationales au large de Malte et de la Libye. Parmi les survivants, on dénombre 152 hommes et 34 femmes, parmi lesquels se trouvent 61 mineurs, y compris des enfants en bas âge, la plus jeune n'ayant que 10 mois. Originaires de Guinée, du Nigéria, de la Côte d'Ivoire, de la Somalie ou de la Syrie, nombre d'entre eux ont déjà vécu des expériences traumatisantes en Libye, avant d'embarquer pour l'Europe.