La plupart des survivants ont déclaré à MSF qu’une fois interceptés par les garde-côtes, ils ont été renvoyés en Libye et emmenés dans des centres de détention officiels ou non officiels. Or, c’est bien en Libye que les personnes migrantes subissent le plus de violence. Sur les 620 actes de violences décrits à MSF par les 265 rescapés qui ont accepté de témoigner, 85% ont été perpétrés sur le sol libyen, et 34 % ont été infligés par des gardes dans des centres de détention.
« Les policiers, les garde-côtes, l'armée ne se soucient jamais de nous. Ils nous ont juste gardés dans cet endroit... Alors des hommes ont essayé de casser la porte et de s'enfuir. Ils ont commencé à tirer. À cause de la fusillade, deux hommes ont été abattus. D'autres ont été sévèrement battus. Les armes à feu leur cassent la tête… Ils m'ont beaucoup battu, ils nous ont tous battus. Jusqu'à ce que l’on s'évanouisse. Jusqu'à ce que l’on s'effondre… Pourquoi l'Union européenne soutient-elle ces personnes ? »
Témoignage d’un homme nigérian âgé de 25 ans
L’impact brutal de la violence infligée aux milliers d’adultes et d’enfants qui tentent de fuir la Libye a été largement documenté, et ce depuis plusieurs années. Il n’empêche que l’Union européenne continue de financer les garde-côtes libyens pour patrouiller en Méditerranée centrale. Le renforcement de leurs capacités est même devenu la réponse principale des Etats européens pour faire face à cette question migratoire. En dépit de l'augmentation des décès et des retours forcés en Libye en 2021, le Conseil de l'Union européenne a insisté sur le fait que « le soutien de l'UE aux garde-côtes libyens porte ses fruits en Méditerranée, tandis que le "plan d'action renouvelé de l'UE contre le trafic des migrants 2021-2025" investit davantage dans la sécurisation, le maintien de l'ordre et la consolidation de la collaboration avec les pays tiers à risques. »