Recommandations
1. Aux « pays tiers » à même d’offrir une protection aux personnes migrants bloquées en Libye :
I. Accroître les voies de sortie sûres et légales pour les personnes bloquées en Libye. Les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile dont les vies sont menacées par des dangers immédiats, notamment dans les centres de détention et d’autres lieux de captivité en Libye, doivent avoir accès à des mécanismes sûrs et légaux pour quitter le territoire libyen. Il convient d’accroître le nombre de places de réinstallation dans des pays d’asile tiers, d’augmenter le nombre de vols d’évacuation humanitaire et de réinstallation, et d’accélérer les processus existants, notamment en accélérant et en fluidifiant les processus de transit par le Niger ou le Rwanda. Les voies dites complémentaires doivent également être développées dans le cadre d’un processus plus ouvert du HCR et en complément à celui-ci. Des modèles permettant l’évacuation humanitaire rapide des personnes nécessitant une protection d’urgence, y compris pour obtenir des soins médicaux vitaux, doivent compléter les mécanismes existants du HCR. Ces modèles pourraient se baser sur des expériences positives en matière de visas humanitaires et médicaux, de couloirs humanitaires, de parrainage et de suivi communautaires ou privés, notamment pour les victimes de torture et de traite nécessitant des soins spécialisés.
2. À l’OIM, à l’Union africaine et ses États membres, et aux autorités libyennes :
II. Assurer l’évacuation rapide de toutes les personnes qui souhaitent être rapatriées. Cela peut nécessiter que les gouvernements, et en particulier l’UA et ses États membres, mettent en place des procédures spécifiques.
3. Au HCR et aux autorités libyennes :
III. S’accorder sur une révision des critères du HCR pour la reconnaissance des personnes considérées comme « relevant de la compétence de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés », sans restriction de nationalité, et accorder la priorité en fonction des besoins de chaque personne en terme de protection ;
IV. S’accorder sur l’extension des activités d’enregistrement et de l’accès du HCR au-delà de Tripoli.
4. Aux autorités libyennes :
V. Faciliter rapidement les vols d’évacuation organisés par l’OIM, le HCR et d’autres organisations hors de Libye ;
VI. Signer et ratifier la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés et son protocole de 1967 ;
VII. Reconnaître officiellement le HCR et lui permettre d’exercer pleinement sa mission ;
VIII. Libérer immédiatement l’ensemble des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile détenus de manière arbitraire, et mettre fin à la détention arbitraire en Libye ;
IX. Mettre fin aux retours forcés depuis la Libye, en particulier vers les pays où la vie des personnes retournées peut être menacée.
5. À l’Union européenne et à ses États membres ainsi qu’aux autres institutions internationales impliquées en Libye, y compris les Nations unies et leurs agences :
X. Revoir d’urgence – et le cas échéant suspendre – les accords de coopération actuels avec les autorités libyennes, notamment les programmes et activités de soutien à la gestion de la migration et des frontières en Libye, afin de s’assurer qu’ils fassent preuve d’un devoir de vigilance et qu’elles promeuvent des politiques migratoires fondée sur les droits humains, qui fassent primer la protection de toutes les personnes migrantes, quel que soit leur statut ;
XI. Veiller à ce que le soutien aux autorités libyennes soit conditionné au respect des obligations suivantes : facilitation rapide et sans heurts des vols d’évacuation organisés par l’OIM, le HCR et d’autres organisations depuis la Libye ; signature et ratification de la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés et de son protocole de 1967 ; reconnaissance officielle du HCR et possibilité pour celui-ci d’exercer pleinement son mandat ; libération rapide de tous les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile détenus arbitrairement et fin de la détention arbitraire en Libye ; arrêt des retours forcés depuis la Libye, en particulier vers des pays où la vie des personnes retournées peut être menacée ; autorisation d’un accès indépendant pour les organisations humanitaires afin de porter assistance et d’assurer la protection des populations vulnérables.
XII. Mettre fin à tout soutien politique, financier et matériel au système de retours forcés depuis les eaux internationales de Méditerranée centrale vers la Libye. Comme l’ont reconnu à plusieurs reprises les organisations internationales, y compris les Nations unies et la Commission européenne, la Libye ne constitue actuellement pas un lieu sûr pour le débarquement des personnes sauvées en mer.