Depuis l’ouverture de son centre, MSF a accueilli 180 jeunes originaires principalement du Soudan, d’Afghanistan et de Syrie. Plus de la moitié d’entre eux a déclaré avoir été victime de violences le long du parcours migratoire, que ce soit dans des pays de transit comme la Libye ou la Tunisie, ou en France. Plus d'un tiers des témoignages, soit une soixantaine de mineurs accueillis par MSF, fait état de mauvais traitements et de violences de la part des forces de l’ordre en France et en particulier à Calais.
Selon les jeunes interrogés, les violences ont lieu principalement lors des démantèlements ou des tentatives de traversée par bateau ou camion. Les types de violence physique les plus fréquemment signalées sont des coups de pied, des coups de poing, des coups de matraque provoquant des lésions cutanées et le gazage à hauteur des yeux ainsi que sur les affaires personnelles. Elles se produisent souvent en dehors des heures de présence des bénévoles et des associations d’aide aux personnes exilées.
Loin des campements, dans l’accueil de jour de MSF, les jeunes retrouvent un espace d’écoute et d’accueil, où le lien de confiance créé par l’équipe permet de libérer la parole.
« Parfois, ils vérifient qu'il n'y ait pas de caméras et ils nous amènent dans des endroits à l'abri des regards pour nous frapper. La dernière fois que cela m’est arrivé, j’étais avec un ami. Les policiers nous ont amenés dans une camionnette et nous ont frappés avec des matraques. J’ai reçu tellement de coups que je saignais », raconte Ahmed*, un jeune soudanais de 15 ans admis au centre de MSF en février. Face à la proposition de porter plainte, le jeune a refusé par peur de se mettre en danger et des éventuelles répercussions, s’ils devaient rencontrer les mêmes policiers à nouveau sur son chemin.
« Les jeunes qui migrent seuls font l’expérience de l’exil et de la violence à un moment particulier pour leur développement, celui de l’adolescence. L’exil implique également de vivre ou d’être témoin d’événements traumatiques et d’une violence qui, souvent, reste impunie. Il devient difficile et dangereux de faire confiance aux autres », explique Chloé Hannebouw, psychologue pour MSF à Calais.