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Mineurs non accompagnés à Calais : des violences répétées et banalisées

Mineurs non accompagnes Calais
MSF apporte un soutien médical, psychologique et social aux mineurs non accompagnés en transit à Calais.  © Léo Torréton/MSF

Depuis juillet 2023, Médecins Sans Frontières apporte un soutien médical, psychologique et social aux mineurs non accompagnés en transit à Calais, en les recevant dans son centre d’accueil de jour. Des centaines de jeunes y témoignent d’un parcours migratoire douloureux et d’un accueil violent en France.

Depuis l’ouverture de son centre, MSF a accueilli 180 jeunes originaires principalement du Soudan, d’Afghanistan et de Syrie. Plus de la moitié d’entre eux a déclaré avoir été victime de violences le long du parcours migratoire, que ce soit dans des pays de transit comme la Libye ou la Tunisie, ou en France. Plus d'un tiers des témoignages, soit une soixantaine de mineurs accueillis par MSF, fait état de mauvais traitements et de violences de la part des forces de l’ordre en France et en particulier à Calais.

Selon les jeunes interrogés, les violences ont lieu principalement lors des démantèlements ou des tentatives de traversée par bateau ou camion. Les types de violence physique les plus fréquemment signalées sont des coups de pied, des coups de poing, des coups de matraque provoquant des lésions cutanées et le gazage à hauteur des yeux ainsi que sur les affaires personnelles. Elles se produisent souvent en dehors des heures de présence des bénévoles et des associations d’aide aux personnes exilées.

Loin des campements, dans l’accueil de jour de MSF, les jeunes retrouvent un espace d’écoute et d’accueil, où le lien de confiance créé par l’équipe permet de libérer la parole.

« Parfois, ils vérifient qu'il n'y ait pas de caméras et ils nous amènent dans des endroits à l'abri des regards pour nous frapper. La dernière fois que cela m’est arrivé, j’étais avec un ami. Les policiers nous ont amenés dans une camionnette et nous ont frappés avec des matraques. J’ai reçu tellement de coups que je saignais », raconte Ahmed*, un jeune soudanais de 15 ans admis au centre de MSF en février. Face à la proposition de porter plainte, le jeune a refusé par peur de se mettre en danger et des éventuelles répercussions, s’ils devaient rencontrer les mêmes policiers à nouveau sur son chemin.

« Les jeunes qui migrent seuls font l’expérience de l’exil et de la violence à un moment particulier pour leur développement, celui de l’adolescence. L’exil implique également de vivre ou d’être témoin d’événements traumatiques et d’une violence qui, souvent, reste impunie. Il devient difficile et dangereux de faire confiance aux autres », explique Chloé Hannebouw, psychologue pour MSF à Calais.

Des violences qui viennent s’ajouter à des traumatismes préexistants

Depuis l’ouverture du projet de MSF à Calais, en avril 2023, 82% des personnes vues en consultation médicale et interrogées sur les violences par l’équipe médicale de MSF ont déclaré avoir subi des mauvais traitements, des tortures, des actes inhumains et dégradants, notamment en Libye, en Tunisie ou sur la route des Balkans. « Lors des entretiens, les jeunes peuvent évoquer des expériences terribles de violences, de détention et parfois de tortures. Aussi, les jeunes ont tendance à comparer avec la Libye, les faits de violences dont ils sont victimes et les conditions de vie compliquées vécues à Calais. Cette comparaison les amène souvent à minimiser la dureté de leur situation actuelle au vu de l’extrême violence vécue là-bas », déplore Chloé Hannebouw.

Depuis le début des activités, la psychologue de MSF a effectué 152 consultations de patients mineurs, seuls ou accompagnés par leurs familles. Parmi les symptômes les plus fréquents, les jeunes patients évoquent des ruminations anxieuses, des cauchemars, des insomnies et un sentiment d’impuissance ou d’impossibilité à se projeter dans l’avenir. Certains évoquent également des envies suicidaires, notamment lorsqu’ils ont vécu des expériences particulièrement traumatiques ou des violences extrêmes.

« Ces violences physiques et psychiques répétées illustrent le coût humain que la France et le Royaume-Uni sont prêts à payer pour sécuriser leur frontière commune. Une normalisation généralisée de la violence s’est installée partout en Europe. Calais n’est qu’un des laboratoires, parmi d’autres, des politiques de dissuasion menées par l’Union européenne », dénonce Feyrouz Lajili, coordinatrice du projet de MSF à Calais.

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Notes

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