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Ouganda : la promotion de la santé, un pilier essentiel pour lutter contre la propagation d’Ebola

Un promoteur de santé MSF en discussion avec le propriétaire d'un commerce à Madudu, à proximité de l'épicentre de l'épidémie d'Ebola. Ouganda. 2022.
Un promoteur de santé MSF en discussion avec le propriétaire d'un commerce à Madudu, à proximité de l'épicentre de l'épidémie d'Ebola. Ouganda. 2022. © MSF/Sam Taylor

Les équipes MSF interviennent en Ouganda pour participer à la lutte contre l’épidémie d’Ebola, déclarée depuis le 20 septembre par les autorités du pays. Elles gèrent notamment un centre de traitement à Mubende et contribuent aux activités de prévention de la maladie, en soutien au ministère de la Santé.

Alunga Tom est responsable des activités de sensibilisation pour MSF à Mubende, où les premiers cas ont été déclarés. Son équipe comporte plus de 50 promoteurs de santé : « Nous expliquons aux gens ce qu’est Ebola, la façon dont on peut attraper la maladie et la manière dont le virus se propage, développe-t-il. Par exemple, les gens que nous rencontrons pensent souvent que les cas contacts sont malades. Or, on n’est malade que lorsque qu’on commence à développer des symptômes, c’est à partir de ce moment-là qu’on devient contagieux. »

Ces équipes se rendent dans les communautés et partagent des informations sur la prévention et le contrôle des infections avec les agents de santé, les membres de la communauté, les dirigeants locaux et les guérisseurs traditionnels.

Comme c'est le cas dans de nombreuses épidémies, les rumeurs sur Ebola se répandent rapidement en Ouganda. Regina Kasule Nakabuye est l'une des promotrices de santé de l'équipe d’Alunga Tom. Elle constate chaque jour à quel point il peut être difficile de lutter contre les fausses nouvelles et de transmettre des messages de santé corrects : « Certaines personnes ont peur. Nous essayons de les rassurer et de leur indiquer les moyens de se prémunir contre la maladie. Mais d'autres ne croient tout simplement pas qu’une épidémie d’Ebola est en train de se propager. Surtout les jeunes autour de Mubende, qui n’ont aucune confiance dans les informations qu’ils entendent. Certains pensent même qu'il s'agit d'un programme gouvernemental visant à réinstaller les gens dans différentes régions. »

Une équipe de promotion de la santé MSF se rend dans un village situé à proximité de Mubende. Ouganda. 2022.
 © MSF/Sam Taylor
Une équipe de promotion de la santé MSF se rend dans un village situé à proximité de Mubende. Ouganda. 2022. © MSF/Sam Taylor

Les habitants de la région vivent principalement de l’agriculture et de nombreuses personnes n’ont pas d’emplois stables. Ils ont souffert pendant le confinement dû à la Covid-19, car ils n'avaient aucun revenu. « Il y a un lien important avec la Covid-19, les gens se souviennent bien de cette période difficile et ils ont peur de revivre la même chose avec Ebola, explique Regina Kasule Nakabuye. Mais nous sommes très patients avec eux. Nous essayons d'être aussi pragmatiques que possible. Nous présentons les messages de manière très claire et nous prenons le temps de discuter avec eux. »

Un des enjeux de ces activités est la réduction du délai entre l’apparition des symptômes et l’entrée dans un centre de traitement, qui a une incidence importante sur les chances de survie des malades. À Mubende, MSF développe ce volet de prévention contre Ebola en intégrant des activités de promotion de la santé, de prévention et de contrôle des infections, d'enquête, de recherche des contacts et un soutien social, si nécessaire, aux cas contacts qui doivent s'isoler.

Un membre des équipes MSF de promotion de la santé attend ses collègues qui informe les habitants d'un village sur les risques liés à Ebola. Ouganda. 2022.
 © MSF/Sam Taylor
Un membre des équipes MSF de promotion de la santé attend ses collègues qui informe les habitants d'un village sur les risques liés à Ebola. Ouganda. 2022. © MSF/Sam Taylor

« Chaque jour, mon équipe est répartie en différents groupes, explique Alunga Tom. Certains travaillent en étroite collaboration avec les personnes qui recherchent les cas contact et ils les aident, pour que la population comprenne et adhère à cette démarche. En transmettant les bonnes informations, nous contribuons à rassurer les gens que nous rencontrons. Ainsi, ils sont plus à même de nous aiguiller sur les cas contacts potentiels. La seconde équipe est rattachée aux enquêteurs de terrain du ministère de la Santé. S'il y a une alerte concernant un cas potentiel, ils se rendent sur place pour recueillir les informations. C’est essentiel, surtout si une personne présente des symptômes et doit être évacuée, pour rassurer la famille du patient, pour éviter les rumeurs, mais aussi pour préparer immédiatement la recherche des contacts. Une troisième équipe, appelée “promoteurs de santé volants” est déployée si des besoins particuliers sont identifiés au cours des activités de sensibilisation. Ces besoins peuvent être soit un soutien psychosocial, soit un soutien social, si quelqu’un a des besoins matériels pour s’isoler, par exemple. »

La transmission des bonnes informations est essentielle pour la prévention, mais également pour permettre un retour serein des survivants d’Ebola dans leurs communautés. En effet, les survivants font face à une forte stigmatisation une fois qu'ils quittent les centres de traitement. Les gens les craignent et gardent leurs distances, ce qui peut créer des tensions et conduire à la marginalisation des survivants. Regina en est convaincue, le chemin est encore long : « Nous travaillons beaucoup à informer sur Ebola et continuerons de le faire pour toucher le plus de monde possible. De grandes opérations de sensibilisation sont nécessaires. Nous continuons à aller dans les villages, nous suivons les problèmes et nous allons là où se trouvent les survivants. »

Notes

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