Quelle est la situation sanitaire dans le territoire de Lubero ?
Nous avons fait des évaluations dans 10 centres de santé et nous nous sommes aperçus qu'il n’y avait quasiment plus de médicaments. Parfois, il n'y a même pas un sachet d’aliment thérapeutique pour prendre en charge les cas de malnutrition, ni de lait thérapeutique pour traiter la malnutrition sévère en hospitalisation.
Dans la zone de santé de Kayna, il y a eu des alertes de cas de rougeole. Les personnes déplacées étaient auparavant dans une zone épidémique, notamment à Kibirizi, où MSF avait ouvert un centre de traitement de la rougeole et où les cas arrivaient quotidiennement. Avec les déplacements de population et sans possibilité de vaccination, il y a un risque que l’épidémie s’étende.
L’accès à l’eau est également un réel problème. Les files d'attente sont tellement longues que les gens sont obligés de se lever au milieu de la nuit pour aller aux bornes. Ils se partagent de vieux bidons sales. Et évidemment, avec cet afflux massif de population, il y a une insuffisance de latrines.
Les personnes ont trouvé refuge soit dans des familles d'accueil, soit dans des églises ou des écoles. Dans quasiment tous les lieux d’accueil que nous avons visités, nous avons constaté des épidémies de gale. Dans le sud-est, à Kirima, la situation est telle que des femmes accouchent par terre dans la boue.
La situation est également difficile pour les populations hôtes qui accueillent ces déplacés. Depuis la résurgence des affrontements il y a un an, il y a une grave crise économique dans ces régions agricoles qui avaient l'habitude d'exporter leurs récoltes soit dans les pays étrangers limitrophes, soit sur Goma qui est la capitale de la province. Maintenant, comme la plupart des routes sont coupées, les habitants n'arrivent plus à exporter leurs récoltes. Toute la population souffre et subit les conséquences du conflit sur le plan économique. Certains foyers accueillent deux ou trois familles en plus ; les maisons sont bondées. Le peu qu'ils ont, ils le partagent avec les déplacés qui arrivent. C'est difficile pour tout le monde, on ne fait plus de différence en termes de besoins entre les familles d'accueil et les déplacés finalement.