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RDC : à Lubero les habitants menacés et déplacés par les combats

MSF intervention in Lubero
Vue du centre de santé « Lubero Cité » soutenu par MSF, dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). © Virginie Napolitano/MSF

En décembre 2024, les affrontements entre les forces armées congolaises et le groupe armé M23 ont repris dans le territoire de Lubero, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Les combats ont entraîné des déplacements de population importants vers le nord et le sud de la ligne de front, actuellement située autour de Mambasa et qui se rapproche de la ville de Lubero. Après des interventions d’urgence menées en 2023 et 2024 dans la zone, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) interviennent à nouveau pour soutenir les structures de santé locales et fournir des produits de première nécessité à la population déplacée. Interview avec Virginie Napolitano, coordinatrice de projet d’urgence pour MSF à Lubero.

Quelle est la situation dans le « Grand Nord » de la province du Nord-Kivu et plus particulièrement dans le territoire de Lubero où les équipes MSF ont repris leurs activités ?

On observait une accalmie sur l'ensemble du territoire depuis le mois d'août, après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu conclu le 31 juillet 2024 entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, dans le cadre du processus de paix de Luanda. Malgré de fréquentes violations de ce cessez-le-feu par les parties au conflit, les lignes de front restaient stables. Mais en décembre les affrontements ont repris, avec plus d’intensité. Partis de la zone de Luofu, ils se sont généralisés vers le sud, dans le territoire de Masisi, et vers le nord, dans le territoire de Lubero. Soutenu d’après les Nations Unies1 par le Rwanda, le groupe armé M23 a rapidement progressé et élargi son territoire avec la prise d’Alimbongo, aux portes de Lubero, à la mi-décembre. Malheureusement, comme souvent, ce sont les populations civiles qui paient le plus lourd tribut.

Les civils sont forcés de fuir à la hâte les zones de combat, laissant tout derrière eux. Il s’agit de la troisième vague de déplacements depuis le début de l'année dans la zone. Les chiffres sont approximatifs, mais il s’agirait de plus de 290 000 personnes déplacées sur l'ensemble du territoire de Lubero, dont 70 000 dans les localités de Lubero-Centre et 30 000 à Kipese2 .

Ces derniers jours, les habitants ont dû quitter les zones proches du front à la demande des forces armées régulières, en prévision de nouveaux combats. Les bombardements sont intenses et menés par tous les belligérants ; l’armée congolaise a également recours à des hélicoptères de combat et des avions de chasse. Les déplacements de population viennent s'ajouter à ceux liés aux exactions commises par les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé islamiste, qui terrorise la population depuis plus de dix ans.

Carte des activités de MSF
 © MSF
Carte des activités de MSF © MSF

Les personnes déplacées sont accueillies et hébergées par les communautés sur place. Quelles sont les conséquences pour cette dernière et quel avenir pour les déplacés ?

La plupart des déplacés sont accueillis par des proches et des familles d'accueil. Certains, malheureusement isolés, sont contraints de s'abriter dans des maisons en chantier ou abandonnées. A la différence d'autres zones du Nord-Kivu, comme autour de Goma, les camps de déplacés ne sont pas communs ici. Les membres de la communauté ouvrent les portes de leur maison aux déplacés. C'est la solidarité qui s'applique. Les familles d'accueil sont déjà affectées par la hausse des prix et la rupture des canaux habituels d'approvisionnement, coupés par la ligne de front. Elles doivent partager le peu qu'elles possèdent.

Certains déplacés que nous avons rencontrés nous ont raconté qu’il n’y a pas assez de nourriture et qu’ils souffrent du froid car Lubero se trouve à près de 2 000 mètres d’altitude. Ils disent manquer de matelas et de couvertures car ils dorment à même le sol, dans les salons ou les cuisines de leurs hôtes. La plupart des déplacés sont des femmes et des enfants : les hommes sont souvent restés pour surveiller leurs biens ou chercher une source de revenus.

Les déplacés et les familles d'accueil parlent tous de besoins liés à l'accès à la nourriture et aux produits de première nécessité, de produits d’hygiène menstruelle pour les femmes, de couvertures ou d’articles de cuisine. Le système d'adduction d'eau est saturé par l’afflux de population, les fontaines peinent à couvrir les besoins et les toilettes sont en nombre insuffisant.

L'accès aux soins étant payant, c'est une charge financière supplémentaire pour les familles d'accueil. Le recours à l'automédication ou aux guérisseurs traditionnels est souvent la première option choisie, ce qui peut amener à des complications médicales.

Quelles activités MSF parvient elle à mener dans ce contexte ?

Dans un premier temps, MSF a ouvert l'accès aux soins de santé primaires pour l'ensemble de la population, en collaboration avec le ministère de la Santé, dans deux centres de santé, à Lubero-Cité et à Kipese. Nous prenons également en charge les frais d'hospitalisation pour les enfants de 1 mois à 15 ans. Nous soutenons les programmes de nutrition thérapeutique ambulatoire et à l'hôpital général de Lubero.

Les équipes interviennent aussi pour renforcer la vaccination de routine pour tous, une initiative du ministère de la Santé, le but étant d'éviter les épidémies, notamment de rougeole. Nous avons fait des donations de pansements et de médicaments, et nous prévoyons une formation pour la stabilisation des blessés avant leur transfert vers d’autres structures. Les centres de santé proches de la ligne de front sont fermés, mais la prise en charge des blessés de guerre est assurée en première ligne par les hôpitaux militaires et le Comité International de la Croix-Rouge (CICR).

Nous travaillons à l'amélioration de l'accès à l'eau dans les structures de santé et dans l’un des rares sites de déplacés, celui de Magasin qui compte environ 300 ménages. La prise en charge des violences sexuelles fait également partie de nos priorités, face à l’augmentation du nombre de cas.

Notes

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