Quelle est la situation dans le « Grand Nord » de la province du Nord-Kivu et plus particulièrement dans le territoire de Lubero où les équipes MSF ont repris leurs activités ?
On observait une accalmie sur l'ensemble du territoire depuis le mois d'août, après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu conclu le 31 juillet 2024 entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, dans le cadre du processus de paix de Luanda. Malgré de fréquentes violations de ce cessez-le-feu par les parties au conflit, les lignes de front restaient stables. Mais en décembre les affrontements ont repris, avec plus d’intensité. Partis de la zone de Luofu, ils se sont généralisés vers le sud, dans le territoire de Masisi, et vers le nord, dans le territoire de Lubero. Soutenu d’après les Nations Unies
par le Rwanda, le groupe armé M23 a rapidement progressé et élargi son territoire avec la prise d’Alimbongo, aux portes de Lubero, à la mi-décembre. Malheureusement, comme souvent, ce sont les populations civiles qui paient le plus lourd tribut.
Les civils sont forcés de fuir à la hâte les zones de combat, laissant tout derrière eux. Il s’agit de la troisième vague de déplacements depuis le début de l'année dans la zone. Les chiffres sont approximatifs, mais il s’agirait de plus de 290 000 personnes déplacées sur l'ensemble du territoire de Lubero, dont 70 000 dans les localités de Lubero-Centre et 30 000 à Kipese
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Ces derniers jours, les habitants ont dû quitter les zones proches du front à la demande des forces armées régulières, en prévision de nouveaux combats. Les bombardements sont intenses et menés par tous les belligérants ; l’armée congolaise a également recours à des hélicoptères de combat et des avions de chasse. Les déplacements de population viennent s'ajouter à ceux liés aux exactions commises par les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé islamiste, qui terrorise la population depuis plus de dix ans.