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RDC : des déplacés du conflit entre l’armée et le M23 trouvent refuge dans le Sud-Kivu

Un membre des équipes MSF traverse une salle de l'hôpital général de Minova. Sud-Kivu. RDC.
Un membre des équipes MSF traverse une salle de l'hôpital général de Minova. Sud-Kivu. RDC. © Charly Kasereka/MSF

Depuis le début de l’année, des dizaines de milliers de personnes se sont réfugiées autour de Minova dans la région du Sud-Kivu, après avoir fui le conflit qui oppose l’armée congolaise et le groupe armé M23, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Fin mars, les équipes de Médecins Sans Frontières ont lancé une intervention d’urgence pour apporter un soutien à ces populations qui vivent dans des conditions précaires.

« Nous ne pensions pas que les affrontements atteindraient notre ville, explique Rehema, âgée de 35 ans. Durant le mois de février, j'ai vu des militaires descendre de la colline et  j’ai entendu des coups de feu. Je ne voulais pas attendre que cette violence arrive jusque chez moi. Des centaines d’habitants sont partis en même temps que moi. »

Comme un million de personnes avant eux, Rehema et ses quatre enfants ont pris la route. La grande majorité de ces déplacés internes se sont installés à la périphérie de la capitale provinciale, Goma. Mais récemment, quelque 80 000 personnes sont également arrivées dans le Sud-Kivu, comme Rehema qui habite désormais le village de Numbi.

Des centaines de personnes déplacées se sont réfugiées dans une école de la ville de Minova dans le Sud-Kivu. 2023.
 © Igor Barbero/MSF
Des centaines de personnes déplacées se sont réfugiées dans une école de la ville de Minova dans le Sud-Kivu. 2023. © Igor Barbero/MSF

Pour tenter de subvenir aux besoins de sa famille, Rehema est obligée de faire un trajet à pied d’une dizaine d’heures aller-retour, afin de se rendre dans la ville de Kalungu, un important carrefour commercial de la région. Elle ne gagne que 3 000 francs congolais (1,5 euros) par jour pour le travail qu’elle effectue. Cette somme sert notamment à payer le loyer de la petite chambre qu’elle occupe avec sa famille. « Avec l'argent qui reste, j'achète du maïs, explique Rehema. Parfois, j’ai de quoi acheter du savon. Je m’inquiète souvent de savoir si mes enfants auront de quoi manger. »

Les personnes déplacées qui habitent Numbi sont largement invisibles pour les observateurs externes, en partie à cause du manque d'attention accordée à cette crise humanitaire, mais aussi parce qu'elles préfèrent vivre principalement dans des familles d'accueil ou louer de petites chambres, plutôt que de vivre dans des camps ou des sites informels. « Ces personnes vivent dans des conditions extrêmement précaires, aggravées par un accès insuffisant à la nourriture, explique Ulrich Crépin Namfeibona, coordinateur d'urgence MSF. Ces facteurs se combinent et rendent ces personnes très vulnérables face aux maladies. »

Des personnes déplacées dans la ville de Minova. Sud-Kivu. RDC.
 © Igor Barbero/MSF
Des personnes déplacées dans la ville de Minova. Sud-Kivu. RDC. © Igor Barbero/MSF

Le centre hospitalier de Numbi, soutenu par MSF, est débordé par l’afflux de patients, comme l’atteste Dr Faustin Ntalemwa : « Nous avons un taux d'occupation des lits de l’ordre de 400 %. On peut avoir jusqu’à quatre malades par lit d'hospitalisation. » Cette hausse s’explique notamment par l’explosion  de cas de rougeole dans la zone de santé de Minova ces dernières semaines. Les équipes de MSF ont également constaté un nombre élevé de co-infections chez les enfants et une augmentation significative des cas de malnutrition.

Joséphine, 32 ans, une veuve avec sept enfants, est originaire de Walikale dans le Nord-Kivu. Son plus jeune fils, Valentin, a été diagnostiqué positif au paludisme et à la rougeole. Après six jours d'hospitalisation, son état s'améliore et il recommence à manger. « Au début, je pensais que c'était un simple paludisme et je lui ai donné moi-même des médicaments, raconte-t-elle. Mais son état ne s'est pas amélioré et je me suis rendue à l'hôpital. »

Riziki et son mari, Birandala, habitent désormais à Numbi après avoir fui leur village du Nord-Kivu. RDC. 2023.
 © Charly Kasereka/MSF
Riziki et son mari, Birandala, habitent désormais à Numbi après avoir fui leur village du Nord-Kivu. RDC. 2023. © Charly Kasereka/MSF

Il a fallu environ un mois à Joséphine et à ses enfants pour atteindre Numbi à pied après avoir fui les violences au Nord-Kivu. « Les enfants ont beaucoup souffert, leurs jambes étaient enflées, dit-elle. En chemin, un groupe armé nous a tout pris. MSF fournit aux patients de la nourriture et du savon, mais après notre sortie, nous n'aurons aucun soutien. »

Le récent conflit qui se déroule dans le Nord-Kivu a aggravé un cycle de violences et de déplacements qui a été presque constant au cours des trois dernières décennies dans l’est de la RDC, où des dizaines de groupes armés aux intérêts et affiliations politiques différents se battent, contre ou aux côtés des forces armées congolaises (FARDC), avec des alliances qui changent en permanence.

Birandala et Riziki, un couple d’une cinquantaine d’années, ont dû fuir 5 fois leur ville ces 25 dernières années. « Chaque fois que nous fuyons, nous avons toujours dû tout recommencer à zéro, explique le mari, Birandala. Lorsque vous laissez tout derrière vous, le plus important est d'avoir une bonne santé, de la nourriture et un endroit où dormir. Parfois, nous avons passé plusieurs jours sans nourriture ni eau. J’ai cru devenir fou. Ce qui nous donne de la force, c'est l'amour que nous avons les uns pour les autres et pour nos enfants. Mais nous avons aussi besoin de paix. »

Notes

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