Pour tenter de subvenir aux besoins de sa famille, Rehema est obligée de faire un trajet à pied d’une dizaine d’heures aller-retour, afin de se rendre dans la ville de Kalungu, un important carrefour commercial de la région. Elle ne gagne que 3 000 francs congolais (1,5 euros) par jour pour le travail qu’elle effectue. Cette somme sert notamment à payer le loyer de la petite chambre qu’elle occupe avec sa famille. « Avec l'argent qui reste, j'achète du maïs, explique Rehema. Parfois, j’ai de quoi acheter du savon. Je m’inquiète souvent de savoir si mes enfants auront de quoi manger. »
Les personnes déplacées qui habitent Numbi sont largement invisibles pour les observateurs externes, en partie à cause du manque d'attention accordée à cette crise humanitaire, mais aussi parce qu'elles préfèrent vivre principalement dans des familles d'accueil ou louer de petites chambres, plutôt que de vivre dans des camps ou des sites informels. « Ces personnes vivent dans des conditions extrêmement précaires, aggravées par un accès insuffisant à la nourriture, explique Ulrich Crépin Namfeibona, coordinateur d'urgence MSF. Ces facteurs se combinent et rendent ces personnes très vulnérables face aux maladies. »