Plusieurs survivantes secourues par les Geo Barents en décembre 2021 ont déclaré avoir subi ou été témoins de violences sexuelles, à la fois en Libye et dans leur pays d'origine, qu’il s’agisse de prostitution forcée, de viol, de mariage forcé, de traite ou de mutilations génitales. Beaucoup ont subi ces abus pendant une longue période.
Aissatou fait partie de celles qui ont subi des violences sexuelles alors qu'elles étaient détenues par des passeurs avant de pouvoir prendre la mer. « Les passeurs, ils nous violent dans les entrepôts. Si vous refusez, ils vous mettent la lame [sous la gorge]... vous n'avez pas le choix. »
Ahmed*, 17 ans, originaire d'un pays d'Afrique subsaharienne, a été témoin de viols alors qu'il était en prison en Libye. « Beaucoup de gens souffrent… Pour les femmes, c'est dur. Les Libyens prennent une femme [de la prison]. Quand elle revient, elle est malade et elle n’a pas accès à une assistance médicale. Si vous parlez, ils vous tuent. Nous avons subi beaucoup de choses en Libye. Mais à qui pourrait-on se plaindre ? Il n'y a pas de loi. Vous ne pouvez que prier Dieu et espérer que quelqu’un vous vienne en aide lorsque vous êtes en mer. »
Pour les survivants qui ont vécu de longues périodes de peur et de stress associés à des violences graves, l'équipe médicale de MSF sur le Geo Barents propose un soutien en santé mentale. « Ce dont les gens ont besoin à ce stade, car ils sont toujours en mouvement, c'est simplement de pouvoir parler de ce qu'ils ont vécu, explique Hager Saadallah, pyschologue MSF. Pour les survivants, parler avec un professionnel de santé et faire reconnaître leurs expériences est souvent l'une des choses les plus importantes que l'équipe MSF puisse offrir. »