Moustafa et ses trois fils font partie des 99 rescapés secourus par l'équipe MSF du Geo Barents le 16 novembre, lors d'une opération de sauvetage complexe, à moins de 30 milles nautiques des côtes libyennes. Quelques heures plus tôt, dans la soirée du 15 novembre, l'embarcation quitte Zuwara avec 109 personnes à bord, à 100 km à l'ouest de Tripoli. Après quelques milles en mer, le temps commence à se dégrader, les vagues deviennent plus hautes et le moteur cesse de fonctionner. « Les gens paniquaient, il y avait des femmes et des enfants à bord qui avaient tous peur ; beaucoup sanglotaient, criaient de désespoir. Je ne pouvais rien faire d'autre que prier pour que mes fils restent en vie », explique Moustafa, son plus jeune fils dans les bras.
Lorsque le Geo Barents atteint l'embarcation en détresse en début d'après-midi, l'équipe de secours trouve les corps sans vie de dix personnes. Selon les témoignages des rescapés, ils auraient été étouffés par les vapeurs de carburant, après avoir passé plus de treize heures dans un espace exigu du pont inférieur. Certains n'ont pas réalisé ce qu'il se passait, d'autres ont dû voyager des heures à proximité des cadavres.
Au traumatisme de leur histoire personnelle s'ajoute le choc d'une telle traversée. Dans tous les récits, on retrouve l'expérience de la violence, les privations et la peur déchirante pour leur vie et celle de leurs proches. « Je veux juste une bonne vie pour mes fils, je veux qu'ils soient en sécurité et je veux qu'ils aient enfin une bonne éducation », raconte Moustafa.