Six choses que les grands groupes pharmaceutiques veulent vous cacher

En mars 2017, des organisations de 17 pays européens ont déposé une opposition au brevet de Gilead Science sur le Sofosbuvir, un médicament hautement efficace contre l'hépatite C.
En mars 2017, des organisations de 17 pays européens ont déposé une opposition au brevet de Gilead sur le Sofosbuvir, un médicament hautement efficace contre l'hépatite C. Les 13 et 14 septembre 2018, l'audience s'est déroulée devant l'Office européen des brevets à Munich. Des militants ont manifesté devant pour obtenir des médicaments abordables au début de la procédure, le 13 septembre. © Peter Bauza

Un rapport d’investisseurs financiers de l’industrie pharmaceutique est allé jusqu’à se demander si « soigner les patients constitue une stratégie commerciale durable ». Petit florilège des vilains secrets de l’industrie, qu’ils préféreraient ne pas vous dévoiler !

Depuis des décennies, l’industrie pharmaceutique mondiale répand des idées fallacieuses pour justifier l’augmentation vertigineuse des prix des médicaments, des vaccins et des tests de dépistage, comme une nécessité et un fait inévitable, au détriment de la vie des personnes.

La Campagne d'Accès aux Médicaments Essentiels de MSF (CAME) ne cesse de démonter ces arguments mortifères et d’appeler à un accès abordable aux médicaments essentiels, à ce que la santé des personnes passe avant les bénéfices et à une plus grande transparence autour du processus de recherche et développement (R&D).

1. Elaborer de nouveaux médicaments coûte bien moins cher que ce qu’ils prétendent

Les grands groupes pharmaceutiques gonflent les coûts de R&D pour les nouveaux médicaments afin de justifier leur prix élevé, en classifiant par exemple les « frais opportunistes » ou « activités non liées à la recherche » tels que les coûts liés au rachat d’une autre entreprise en tant que frais de R&D.

Alors que les grands laboratoires pharmaceutiques prétendent souvent que l’élaboration d’un nouveau médicament coûte entre deux et trois milliards de dollars, d’autres estimations fiables sont au moins dix fois inférieures – dans une fourchette de 100 à 200 millions de dollars.

 

2. Vous payez deux fois pour avoir accès à vos médicaments

Les laboratoires privés utilisent gratuitement les recherches publiques, financées par les contribuables, qui sont menées dans les laboratoires gouvernementaux et universitaires. Ces derniers sont à l'origine de la plupart des nouveaux médicaments et innovations technologiques dans le domaine de la santé.

Les entreprises privées, elles, bénéficient de crédits d’impôt et d’autres incitations financières pour atténuer les risques de leurs investissements dans la recherche, ce qui leur permet par la suite de privatiser et breveter les produits obtenus. Ensuite, elles facturent des prix élevés aux contribuables et aux autorités alors même qu’ils ont déjà contribué à l’élaboration de ces médicaments.

 

3. L’industrie pharmaceutique innove peu

Environ deux tiers des nouveaux médicaments qui arrivent sur le marché ne sont en rien différents des médicaments existants. Les entreprises pharmaceutiques déploient davantage d’efforts dans le développement de « médicaments d’imitation » que dans la recherche de véritables avancées thérapeutiques.

 

4. Les brevets sont sans cesse étendus sans véritable raison scientifique

Une tactique bien connue des sociétés pharmaceutiques consiste à prolonger sans cesse leurs brevets, en en déposant de nouveaux pour chaque modification mineure apportée aux médicaments existants. Ils prolongent ainsi  leur monopole et empêchent la production de médicaments génériques abordables.

 

5. Les grands groupes pharmaceutiques intimident les pays en développement

À de nombreuses reprises, les groupes pharmaceutiques ont eu recours à des tactiques de pression ou à des actions juridiques oppressives contre des pays à revenus faibles ou intermédiaires tels que l’Inde, l’Afrique du Sud, la Thaïlande, le Brésil, la Colombie et la Malaisie. Avec l’aide de certains pays riches, ces groupes s’efforcent d’influencer les règles de commerce international pour qu’elles leur soient bénéfiques, le plus souvent au détriment de la santé publique.

 

6. Les grands groupes pharmaceutiques empochent plus qu’ils ne réinvestissent

Les grands groupes pharmaceutiques prétendent qu’ils doivent réaliser d’importants bénéfices pour pouvoir financer la R&D et l’innovation. Mais en réalité, ils dépensent davantage dans la vente et dans le marketing, le rachat d’actions pour spéculer et faire monter la valeur de leurs actions, que dans la R&D.

Notes

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