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Gaza : un rapport de MSF dénonce la campagne
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Soudan : en décembre, des populations encore affamées et bombardées

Saudi Hospital, El Fasher, North Darfur
Hôpital saoudien, El Fasher, Darfour du Nord. ©MSF

Les attaques contre la population civile et les hôpitaux ont été particulièrement intenses au Soudan durant les dernières semaines de l’année 2024, alors qu’une guerre civile dévaste le pays depuis plus d’un an et demi et plonge le pays dans une crise nutritionnelle et alimentaire colossale.

Une crise qui s’aggrave à Zamzam

En proie à une grave crise nutritionnelle, le camp de Zamzam, qui abritait environ 450 000 personnes déplacées dans le Darfour du Nord, vit depuis le 1er décembre sous les bombardements quasi quotidiens des Forces de soutien rapide (RSF). Près d’une cinquantaine de blessés, dont des personnes âgées et de très jeunes enfants, ont été pris en charge par les équipes médicales de MSF. Ces patients sont reçus dans notre hôpital initialement destiné aux soins pédiatriques et maternels, loin d’être adapté aux besoins de la traumatologie.

Aux blessés et aux victimes directes de ces bombardements, au moins 38 morts selon nos équipes et des sources locales, s’ajoute une menace plus insidieuse : la détérioration de la sécurité entraine une réduction de l’aide alimentaire et humanitaire qui atteignait la population d’une façon déjà limitée et insuffisante depuis de nombreux mois.

Fin novembre, un premier convoi du Programme Alimentaire Mondial a enfin atteint le camp de Zamzam, où MSF alerte sur l’ampleur catastrophique de la malnutrition depuis février. Cette livraison d’aide alimentaire intervenait après des mois de blocage, notamment parce que les Forces de soutien rapide contrôlent la majeure partie des routes d’approvisionnement et s’opposent au ravitaillement de la région d’El Fasher et ses environs, dont le camp de Zamzam, qui restent sous le contrôle des forces armées soudanaises et d’une coalition de groupes armés. Mais les derniers développements risquent de couper court à ce qui aurait dû être le début d’une réponse massive et soutenue à destination des populations éprouvées de Zamzam, avec beaucoup d’incertitudes à ce jour sur le sort des prochains convois d’aide alimentaire des agences onusiennes.

Côté MSF, l’une des deux cliniques ambulatoires pour soigner les enfants malnutris a été mise à l’arrêt depuis le 4 décembre pour réduire les risques encourus par nos équipes et patients. Elle était située dans la partie sud du camp où l’on enregistre pour l’instant la majorité des bombardements.

Dans son dernier rapport publié le 24 décembre, l’institution en charge d’analyser les crises alimentaires et nutritionnelles (IPC1 ) estime que la famine progresse dans le Darfour du Nord, y compris dans le camp de Zamzam, et menace de nouvelles zones dans ce qu’elle décrit comme « une aggravation et un élargissement sans précédent de la crise alimentaire et nutritionnelle » au Soudan. L’IPC projette que 24,6 millions de personnes, soit la moitié de la population, seront confrontées à des niveaux aigus d’insécurité alimentaire entre décembre 2024 et mai 2025.

  • 1Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC)

Des frappes sur les hôpitaux et les lieux publics

Si MSF ne travaille plus à l’intérieur d’El Fasher, capitale du Darfour du Nord, en raison des attaques fréquentes contre les hôpitaux, nos équipes soutiennent avec des livraisons de médicaments et de matériel médical le personnel d’un hôpital public (Saudi Hospital) qui continue de soigner au milieu des décombres. Au cours du mois de décembre, cet hôpital a été frappé à au moins trois reprises par les bombardements des Forces de soutien rapide, les 13, 18 et 25 décembre. Le ministère de la santé fait état de 28 morts et 57 blessés parmi les soignants et les patients. Maternité, pharmacie et service nutritionnel font partie des bâtiments partiellement détruits.

Hôpital saoudien, El Fasher, Darfour du Nord. ©MSF
Hôpital saoudien, El Fasher, Darfour du Nord. ©MSF

A plus d’une centaine de kilomètres à l’ouest d’El Fasher, la ville de Kebkabya a été ensanglantée par une frappe aérienne sur le marché hebdomadaire le 9 décembre. Les Nations-unies rapportent au moins 42 morts, et nos équipes ont fait parvenir du matériel médical à l’hôpital local pour soutenir la prise en charge de nombreux blessés. Au Darfour du Sud, une autre frappe aérienne des Forces armées soudanaises touchait un site où se regroupaient des personnes déplacées, à 900 mètres de l’hôpital de Nyala le 17 décembre. 13 blessés ont été admis à l’hôpital soutenu par MSF. Dans la capitale du pays, Khartoum, les Forces de soutien rapide ont fait irruption dans le service d’urgence de l’hôpital Bashair, où travaille MSF, en tirant des coups de feu et en menaçant du personnel et des patients. Le 19 décembre, trois agents du Programme Alimentaire Mondial ont été tués au cours d’un bombardement aérien sur leur bureau à Yabous, dans l’état du Nil Bleu. La liste des attaques contre les établissements de santé, des frappes et bombardements de zones résidentielles densément peuplées et de lieux publics comme les marchés, n’en finit pas de s’allonger, au mépris de toutes les conventions internationales de droit humanitaire.

L’Organisation mondiale de la santé évaluait en octobre 2024 que 80% des hôpitaux du pays ne fonctionnaient plus et qu’au moins 109 soignants avaient été tués depuis avril 2023.  MSF continue de fournir des soins d’urgence à travers le pays y compris dans les zones les plus touchées par les violences et appelle les parties au conflit et leurs alliés à la protection de la population et des infrastructures civiles, du personnel médical et humanitaire et des patients.

Notes

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