Quelles étaient les difficultés d’approvisionnement rencontrées par les structures de santé ?
Ahmed Rahmo : Autrefois il y avait un monopole d’État pour les importations de médicaments et tout était centralisé à Damas qui approvisionnait tous les hôpitaux publics du pays. De plus, du fait des sanctions, et du fort niveau de corruption, les prix pratiqués étaient très élevés. Par exemple, une bouteille d’albumine de 50 ml coûte près de 100 dollars en Syrie, alors qu’en Europe, on peut la trouver pour la moitié de ce prix.
L'État était la seule entité capable d’importer certains médicaments et équipements médicaux. Ce système, qui est l’un des héritages du régime de Bachar Al-Assad, n’a pas encore été réformé ce qui provoque des retards d’approvisionnement et des pénuries pour certains médicaments.
Une autre des pratiques mises en place par le précédent régime consistait à centraliser l’aide humanitaire, à la stocker dans des entrepôts et à la vendre au secteur privé. Les patients qui se rendaient à l’hôpital public, pour une dialyse par exemple, devaient acheter les médicaments et fournitures médicales au secteur privé. Des milliers de kits de dialyse ont ainsi été retrouvés dans des entrepôts, prêts à être vendus.
Hakim Khaldi : Les patients des hôpitaux publics doivent acheter tous les éléments nécessaires à leur prise en charge, y compris ceux de l’équipe médicale : les seringues, les gants, le coton, les pansements, les anesthésiants, les médicaments, et même le masque pour le médecin qui opère. Cela peut revenir plus cher au patient de se rendre à l’hôpital public plutôt que dans un établissement privé.