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Tremblements de terre en Syrie et en Turquie : le point un mois après la catastrophe

Vue d'un centre d'accueil des victimes des tremblements de terre dans le nord-ouest de la Syrie. Les équipes MSF ont procédé à une distribution dans ces centres.
Vue aérienne d’un centre d'accueil hébergeant des familles déplacées à la suite du tremblement de terre qui a frappé la Syrie et la Turquie le 6 février 2023.Syrie. Février 2023. © Omar Haj Kadour

Le 6 février, deux tremblements de terre de magnitude 7,8 et 7,6 ont frappé le sud de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie. Un mois après ces séismes, les besoins restent importants. Ahmed Rahmo est coordinateur de projet MSF pour la région d’Idlib en Syrie. Il fait le point sur la situation actuelle.

Un mois plus tard, quel est l'impact de cette catastrophe naturelle en Turquie et en Syrie ?

Dans le nord-ouest de la Syrie, dans les gouvernorats d'Idlib et d'Alep où nous sommes présents, la catastrophe a aggravé une situation humanitaire déjà désespérée. Les 180 000 personnes déplacées par le tremblement de terre s'ajoutent aux 2,8 millions de personnes qui vivent déjà dans des conditions difficiles et précaires après avoir été déplacées à plusieurs reprises par la guerre qui dure depuis 12 ans.

En Turquie, selon les chiffres officiels, au 4 mars, plus de 3 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur domicile, dont plus de 1,5 million vivent désormais dans des tentes. Les tremblements de terre ont touché onze provinces à divers degrés. Elles abritent 16 % de la population totale du pays. Malgré la réponse importante des autorités et la solidarité de la société civile turque, de nombreuses personnes touchées par le tremblement de terre manquent encore de beaucoup de choses.

En Turquie, MSF a notamment pu réaliser des donations grâce à des associations partenaires.
 © MSF
En Turquie, MSF a notamment pu réaliser des donations grâce à des associations partenaires. © MSF

En outre, certaines des zones de Turquie touchées par le séisme accueillaient déjà des millions de réfugiés syriens très vulnérables, qui vivaient dans des abris précaires.

Quels sont actuellement les besoins médicaux et humanitaires les plus urgents ?

De nombreuses personnes déplacées sont toujours sans abri, sans nourriture, sans accès à l’eau potable ni aucune forme d'accès aux moyens de subsistance. Les gens ont besoin d'une assistance médicale, de toilettes, de douches, de systèmes de chauffage, de vêtements d'hiver, de générateurs, de couvertures, de kits d'hygiène et de produits de nettoyage. La recherche et le sauvetage et la phase d'urgence aiguë sont terminés, et il est urgent de continuer à offrir une aide immédiate aux personnes touchées.

Un médecin MSF en consultation avec un patient dans le camp d'Al-Fuqara, situé dans le gouvernorat d'Idlib. 
 © Abdul Majeed Al Qareh
Un médecin MSF en consultation avec un patient dans le camp d'Al-Fuqara, situé dans le gouvernorat d'Idlib.  © Abdul Majeed Al Qareh

De plus, nombre d’entre eux ont perdu leur maison et leur activité économique, parfois des parents et des êtres chers, et vivent aujourd’hui dans des conditions très difficiles. La plupart des gens sont tristes, désespérés, anxieux, incertains quant à l'avenir et doivent vivre quotidiennement avec la peur et le stress causés par les répliques. Beaucoup revivent mentalement la catastrophe qu'ils ont subie et ont peur qu'elle se reproduise. Par conséquent, l'apport d'un soutien psychosocial est crucial après toutes ces souffrances.

Dans le nord-ouest de la Syrie, celle-ci est également confrontée à un système et des infrastructures de santé affaiblis, avec 55 établissements de santé endommagés ou ne fonctionnant pas pleinement.

Comment MSF répond-elle à cette crise ?

En Syrie, nos équipes accompagnent le fonctionnement des structures de santé des gouvernorats d'Idlib et d'Alep. Nous gérons également des cliniques mobiles fournissant des soins médicaux primaires, ainsi que des soins de santé mentale dans des centres d'accueil et des camps de déplacés dans les gouvernorats d'Idlib et d'Alep. Nos équipes continuent de distribuer des articles de première nécessité et des kits de secours aux personnes qui en ont besoin.

En Turquie, à l'heure actuelle, nous travaillons en partenariat avec différentes ONG locales et organisations de la société civile pour fournir une aide humanitaire et des secours indispensables. Nous nous concentrons sur des zones délaissées où notre intervention peut avoir une valeur ajoutée.

Vue d'un convoi MSF à son arrivée dans le nord-ouest de la Syrie.
 © Rami Alsayed
Vue d'un convoi MSF à son arrivée dans le nord-ouest de la Syrie. © Rami Alsayed

MSF a fait et continue de faire don de biens médicaux, alimentaires, d'eau et logistiques, ainsi que de kits d'hygiène et d'articles de secours, notamment des couvertures, des réchauds électriques et des sous-vêtements thermiques pour aider les gens à résister aux températures froides. Nous avons également répondu aux besoins en eau et en assainissement en construisant des douches et des toilettes dans des camps de fortune et soutenons des activités psychosociales pour les personnes touchées par le tremblement de terre, notamment les survivants, les bénévoles et les équipes de recherche et de sauvetage par le biais d'un travail individuel et de groupe.

L'aide humanitaire répond-elle suffisamment à tous les besoins de la population touchée en Syrie ?

L'aide humanitaire arrivant dans le nord-ouest de la Syrie a été extrêmement limitée et trop lente. Les besoins en abris, en eau potable, en installations sanitaires et en matériel de chauffage sont encore immenses. Bab Al-Hawa est le principal point de passage humanitaire, soutenu par l'Onu, entre la Turquie et le nord-ouest de la Syrie, à partir duquel des fournitures médicales vitales peuvent entrer dans cette région.

Le 13 février, deux points de passage humanitaires supplémentaires, à Bab Al-Salam et Al Ra'ee, ont été ouverts pour une période initiale de trois mois. Alors que le deuxième convoi MSF de 15 camions a traversé le nord-ouest de la Syrie le 26 février avec la facilitation de l'ONG Al-Ameen, nous soutenons toujours l'appel à la mise à disposition d’un nombre accru de points d'accès pour l'aide humanitaire, pour entrer dans le nord-ouest de la Syrie, car les fournitures, en particulier pour les interventions chirurgicales, s'amenuisent. Nous appelons à ce que l'aide humanitaire puisse atteindre la population en fonction de ses besoins, et malheureusement aujourd'hui, en Syrie, l'aide est extrêmement loin de répondre à cela.

© OMAR HAJ KADOUR/MSF

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