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Tremblements de terre en Syrie : « Il n’y a aucune minute à perdre pour venir en aide aux habitants de cette région »

Une équipe MSF lors d'une évaluation dans la région d'Atarib, dans le gouvernorat d'Alep. Syrie. Février 2023.
Une équipe MSF lors d'une évaluation dans la région d'Atarib, dans le gouvernorat d'Alep. Syrie. Février 2023. © MSF

Les tremblements de terre qui ont touché la Turquie et la Syrie ont, selon les dernières estimations, provoqué le décès de plus de 21 000 personnes et blessé des dizaines de milliers d’autres. Médecins Sans Frontières intervient auprès des populations touchées dans le nord-ouest de la Syrie avec près de 500 membres de son personnel. Au moment de la catastrophe, MSF était déjà sur place, en soutien aux communautés locales du nord-ouest, victimes de plus de 12 ans de guerre. Le point sur la situation avec Ahmed Rahmo, coordinateur de projet MSF, en charge de la région d’Idlib et basé à Gaziantep en Turquie.

Quatre jours après les tremblements de terre, les équipes de Médecins Sans Frontières continuent de déployer leur réponse d’urgence dans le nord-ouest de la Syrie. Pour l’instant, nous recevons très peu de soutien international. Notre travail est essentiel, mais c’est aussi une goutte d’eau dans l’océan : les besoins sont immenses dans la région. Nous répondons aux besoins de base, en fournissant de la nourriture, de l’eau et en offrant des soins médicaux.

 

La plupart des hôpitaux syriens étaient déjà confrontés à de nombreuses difficultés et pénuries, en raison du manque de fonds pour l’aide humanitaire et des difficultés d’accès à cette région enclavée. Bab al-Hawa était le seul point de passage vers le nord-ouest syrien et il était soumis à des tensions politiques avant la catastrophe. Il était déjà difficile d'acheminer du matériel et des médicaments de la Turquie vers la Syrie.

Après les séismes, ce point de passage a été fermé pendant trois jours et n’a rouvert qu’hier, avec très peu de trafic pour l’instant. Les organisations humanitaires ont dû jusqu’à présent puiser dans leurs stocks d’urgence qui étaient sur place. Il n’y a aucune minute à perdre pour venir en aide aux habitants de cette région, l’acheminement du matériel est crucial. 

Vue d'une ville de la région d'Idlib après les tremblements de terre. 7 février 2023.

 
 © OMAR HAJ KADOUR
Vue d'une ville de la région d'Idlib après les tremblements de terre. 7 février 2023.   © OMAR HAJ KADOUR

Deux millions de personnes vivent dans des camps de déplacés, souvent sous des tentes ouvertes au vent. Une semaine seulement avant le tremblement de terre, une tempête de neige avait touché la région. Les conditions de vie se sont nettement dégradées. Nous avons donné du matériel de chauffage, des couvertures, des matelas, matériel vital dans ces conditions météorologiques, car la nuit, les températures sont négatives. Aujourd’hui, des milliers de nouvelles personnes sont obligées de rejoindre ces sites ; des centres d’accueil ont été ouverts pour accueillir davantage de déplacés. Dans la région d’Idlib, pour l’instant, il en existe 15. Dans cinq d’entre eux, nous avons lancé des cliniques mobiles pour offrir des consultations médicales. Nous allons étendre cette activité dans les jours à venir.

Les équipes de Médecins Sans Frontières sont aussi intervenues en faisant des dons d’articles médicaux à plus de 10 hôpitaux. Nous répondons à de nombreux besoins, qui concernent notamment la traumatologie, les soins obstétricaux ou les dialyses. Nous avons également envoyé une partie du personnel médical de notre hôpital d’Atmeh, spécialisé dans la prise en charge des personnes brûlées, soutenir d’autres hôpitaux, dont les équipes ont été submergées par le nombre de blessés. Nos chirurgiens ont pu les aider. Nous avons par ailleurs mobilisé nos ambulances, afin qu’elles servent aux transferts entre les hôpitaux.

Chaque jour, des histoires tragiques nous proviennent de Syrie, à travers les témoignages de nos équipes. Certaines personnes qui ont survécu, quand elles ne sont pas hospitalisées, ont tout perdu : leurs maisons, leurs vêtements, l’accès à la nourriture, parfois une partie de leur famille, leur argent, tout… maintenant, elles vivent sous des tentes. Elles ont besoin de vêtements et de produits d’hygiène, elles ont besoin d'eau et de nourriture, elles ont besoin de tout.

Les équipes humanitaires doivent également protéger ces populations contre le choléra, qui a touché la région depuis septembre dernier et qui prolifère dans de telles conditions de précarité et de manque d’accès à l’eau potable. Les équipes de Médecins Sans Frontières ont lutté contre cette maladie les mois précédents, mais notre association ne peut couvrir qu’une partie des besoins, surtout face à une telle aggravation de la situation. Pour de nombreux habitants de cette région, les conditions de vie sont devenues encore plus désastreuses. 

Notes

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