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Ukraine : soutenir les populations dans les zones les plus affectées par les combats

Pologne, Hrebenne. Point de passage de la frontière avec l'Ukraine. Des réfugiés ayant fui le conflit s'organisent pour trouver un refuge. 2 mars 2022.
Pologne, Hrebenne. Point de passage de la frontière avec l'Ukraine. Des réfugiés ayant fui le conflit s'organisent pour trouver un refuge. 2 mars 2022. © Maciej Moskwa

Alors que le bilan humain s'alourdit en Ukraine et que des centaines de milliers de personnes cherchent refuge dans les pays voisins, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF), présentes aux points de passage aux frontières, oeuvrent pour faire entrer personnel et matériel dans les zones les plus touchées par l’offensive militaire russe. Bérengère Guais, responsable adjointe des programmes d’urgence à Paris, précise les enjeux et difficultés du déploiement de l'association en Ukraine. Interview.

Comment MSF parvient-elle à se déployer en Ukraine ? 

MSF est présente en Ukraine depuis de longues années pour assurer la prise en charge des populations affectées par la tuberculose et le VIH. Nous disposons donc déjà de personnel sur place, tant national qu'international. Aujourd'hui, dans un contexte de guerre, nous avons dû suspendre ces programmes et réorienter nos activités pour répondre aux besoins médicaux engendrés par une offensive militaire de grande ampleur. D'un projet médical de routine, nous basculons vers un dispositif d'urgence. Il nous faut donc adapter nos ressources humaines et faire appel à des urgentistes pour être en capacité de travailler auprès des populations victimes du conflit dans les zones les plus affectées. C’est notre priorité à l’heure actuelle.

 

Quel est votre principal défi ?

Le challenge le plus important aujourd'hui est l'identification des points d'accès aux régions les plus touchées par les combats. Depuis lundi 28 février, nous avons des équipes dans tous les pays limitrophes - Pologne, Moldavie, Roumanie ainsi qu'en Russie et en Biélorussie. Dans le contexte chaotique qui prévaut aux frontières ukrainiennes, avec des centaines de milliers d'habitants fuyant les combats, il est compliqué de comprendre quels sont les postes frontières les plus propices pour entrer dans le pays. Nous cherchons à faire entrer du matériel et du personnel - notamment des chirurgiens - pour venir en renfort des employés déjà présents sur place et être opérationnel le plus rapidement possible.

Sur le plan logistique, comment arrivez-vous à acheminer du matériel et des médicaments ?

Nous préparons actuellement des kits d'équipements médicaux et de médicaments depuis nos bases logistiques, notamment à Bruxelles et Bordeaux, qui transiteront par les pays limitrophes pour ensuite entrer en Ukraine. Nous achetons également des biens et du matériel en Pologne pour constituer des kits destinés à des associations locales qui nous ont déjà fait part d'un certain nombre d'intrants essentiels qui leur font défaut. 

La première cargaison de kits d'urgence envoyée en Ukraine représente environ 120 m³ de matériel (kits chirurgicaux, kits de traumatologie et autres fournitures). Entrepôt d'approvisionnement de MSF à Bruxelles. 28 février 2022.
 © MSF
La première cargaison de kits d'urgence envoyée en Ukraine représente environ 120 m³ de matériel (kits chirurgicaux, kits de traumatologie et autres fournitures). Entrepôt d'approvisionnement de MSF à Bruxelles. 28 février 2022. © MSF

Pour réceptionner les commandes à l'intérieur de l’Ukraine, nous sommes en train d'aménager des espaces de stockage dans l'ouest du pays. Selon l'évolution de la situation et les opportunités, nous tenteront d'installer ce type d'entrepôts dans zones du pays pour élargir nos capacités d'approvisionnement.

Comment évaluez-vous les besoins sur place ?

Les zones de combat bougent rapidement et évoluent heure par heure. Il est important pour nous d'avoir une bonne compréhension des dynamiques de l’offensive pour évaluer les besoins mais aussi pour ne pas mettre en danger nos équipes. Nous avons du personnel MSF dans la capitale Kiev et dans plusieurs villes clés comme Zhytomyr, Severodonetsk, ainsi qu'un réseau de médecins dans différents hôpitaux et centres de santé.

Il est important pour nous d'avoir une bonne compréhension des dynamiques de l’offensive pour évaluer les besoins et ne pas mettre en danger nos équipes.

Bérengère Guais, responsable adjointe des programmes d’urgence de MSF

© Aurélie Baumel

Avec l'appui de ces personnes ressources, nous  sommes en train d'évaluer le nombre des personnes blessées, le type de blessures et les capacités de prise en charge sur place afin de construire une réponse médicale adaptée. Y a-t-il des postes médicaux avancés ? Comment se passe le référencement des blessés ? Est-il possible pour les patients d'être transférés d'un hôpital à l'autre ? Quelles sont les structures hospitalières avec lesquelles nous pourrions rapidement démarrer des activités, notamment chirurgicales ? Voici les principales questions que nous nous posons et auxquelles nous essayons d'avoir des réponses sûres, claires et détaillées.

Et pour les réfugiés en zones frontalières, quel appui apportez-vous ?

Nous avons déjà fait don d'articles de première nécessité à un centre d'accueil en Pologne et nous nous efforçons d'intensifier notre réponse. Nous comptons déployer un appui médical et renforcer les distributions de couvertures et de kits d'hygiène. Mais nous constatons d’ores et déjà une solidarité locale et internationale très importante. Notre priorité s’oriente donc vers la prise en charge des blessés en Ukraine.

 

 

 

 

Notes

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