Elle a voyagé durant cinq mois avant d’embarquer à bord du canot pneumatique d’un passeur. « J’ai l’impression d’avoir voyagé cinq ans plutôt que cinq mois », dit-elle. Un de ces cinq mois, en août 2016, elle s’est retrouvée en captivité dans l’entrepôt d’un gang de kidnappeurs, au sein d’une Libye déchirée par la guerre. « De nombreuses femmes qui étaient avec moi dans l’entrepôt ont été violées. Les viols sont très fréquents en Libye », explique-t-elle.
Zeinab décrit en détail ce qui s’apparente à un système d’exploitation et de maltraitance des migrants (comme elle) dans ce pays d’Afrique du nord.
« Si vous vous faites attraper à la frontière sud alors que vous tentez d’entrer en Libye, vous risquez de vous faire enlever, de vous faire battre, humilier et, bien souvent, violer. Puis, vous devez payer la rançon pour être libérée.
Sur le chemin vers la côte, vous risquez encore de vous faire enlever, cette fois par les milices présentes dans le nord du pays. Vous finissez oublié ou mourant et, si vous avez de la chance, vous passez plusieurs mois en captivité avant que quelqu’un ait pitié de vous et rachète votre liberté.
Une famille libyenne m’a achetée et forcée à nettoyer sa maison en échange de nourriture et d’un endroit où dormir par terre. Je n’étais bien sûr pas payée.
Et encore, j’ai eu de la chance d’être achetée par une famille. Mon amie Saadiya n’a pas eu cette chance ; un homme célibataire l’a achetée puis violée. Au bout de deux mois, la famille qui a financé ma libération a donné de l’argent au passeur pour que je puisse partir », raconte Zeinab.
Zeinab se souvient de la dangereuse traversée, lorsqu’elle et beaucoup d’autres étaient entassés dans le canot pneumatique. Aucun passager n’a pu emporter d’affaires, de téléphone portable (que les passeurs conservent ou jettent à l’eau) ni de chaussures. Tous les migrants secourus étaient pieds nus. Certains avaient griffonné le numéro de téléphone de leurs proches sur leurs habits pour pouvoir les appeler une fois en Italie.
« Nous avons entamé la traversée à bord du canot pneumatique sans savoir où nous allions. C’était comme le purgatoire », dit-elle. « Et maintenant, me voilà sur ce bateau, je renais et m’apprête à commencer une nouvelle vie. »