Alors que les combats entre le M23, l’armée congolaise et leurs alliés respectifs ont atteint le centre-ville de Goma en début de semaine, la panique s’est emparée de la ville, avec un impact dévastateur sur la population. Depuis plusieurs jours, Goma est coupée du monde et les victimes des affrontements continuent d’affluer vers les structures médicales quand elles le peuvent. Ni les installations humanitaires, ni les structures médicales n’ont échappé à la violence.
« A l’hôpital de Kyeshero, une balle a traversé le toit du bloc opératoire au cours d’une opération », témoigne depuis Goma Virginie Napolitano, coordinatrice d’urgence de MSF au Nord-Kivu. « Plusieurs de nos stocks de matériels et de médicaments ont été pillés, mettant en péril notre appui médical dans et en dehors de Goma. Les pillages armés ont aussi affecté nos collègues vivant à Goma. L’un d’entre eux a même été blessé par balle chez lui lors d’une agression. Et d’autres organisations et structures médicales ont été touchées également par des tirs. »
En dépit de la situation, une équipe de MSF continue de travailler à l’hôpital de Kyeshero, saturé par l’afflux de blessés, en appui à l’hôpital de Ndosho où s’activent les équipes du Comité International de la Croix-Rouge (CICR). Depuis le 23 janvier, 142 patients ont été pris en charge. Sur la seule journée du 28 janvier, MSF a reçu 37 blessés, dont la moitié sont des civils et en majorité des femmes. La plupart des blessures sont liées à des éclats d’obus, d’autres patients ont été blessés par balles. Alors que la population fait face depuis le 24 janvier à des coupures continuelles en eau courante et électricité, les repas assurés par MSF aux patients et aux familles sont actuellement menacés. L’insécurité, les risques de pillage, et la fermeture des routes empêchent ses équipes de réapprovisionner le stock alimentaire, qui ne couvre que deux à trois jours.