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Au côté d’associations, plus de 200 adolescents à la rue s’installent pacifiquement sous tentes devant le Conseil d’État

Des membres d'associations forment une chaîne de protection humaine devant le Conseil d'État à Paris lors d'une action pour alerter sur la situation des jeunes étrangers, le 2 décembre 2022
Des membres d'associations forment une chaîne de protection humaine devant le Conseil d'État à Paris lors d'une action pour alerter sur la situation des jeunes étrangers, le 2 décembre 2022 © Serena Colagrande / MSF

Depuis six mois, des centaines d’adolescents étrangers survivent sous les ponts à Ivry-sur-Seine, à la périphérie de Paris. Puisque cette crise humanitaire rencontre le silence des autorités en se tenant à Ivry-sur-Seine, associations et jeunes ont décidé de se déplacer devant le Conseil d’État afin de rendre cette situation visible et pour que ces jeunes aient accès à des hébergements d’urgence en Ile-de-France.

Depuis le 10 juin dernier, date à laquelle, faute de mieux, de premiers jeunes se sont retrouvés entre les berges de Seine et une départementale, le campement n’a cessé de s’étendre. À chaque refus prononcé par les départements quant à leur minorité, ces jeunes sont remis à la rue. Tous ont pourtant entamé une procédure de recours devant le juge des enfants. Les associations ont transmis le 15 novembre à la préfecture d’Ile-de-France une liste de près de 500 jeunes en situation d’errance.

Depuis six mois, des associations, la mairie d’Ivry-sur-Seine et de nombreux députés ont alerté par courrier les préfectures d’Essonne et d’Ile-de-France. Une manifestation a eu lieu le 9 octobre devant la préfecture de l’Essonne. Depuis des mois, nos associations demandent à échanger avec Charlotte Caubel, secrétaire d’État à la protection de l’enfance, ce qu’elle a toujours refusé jusqu’à maintenant. Aucune solution concrète n’a été avancée en tentant la voie du dialogue avec les autorités publiques.

Les associations Médecins Sans Frontières, Médecins du Monde et la Croix-Rouge ont alerté à plusieurs reprises l’Agence régionale de santé quant à la détresse psychique et physique des jeunes, faisant état d’une situation alarmante. Les pathologies identifiées sont la conséquence directe de la vie à la rue, de la précarité et des mauvaises conditions d’hygiène. Il est impossible de soigner ces jeunes sans intervenir sur leur environnement.

Les températures proches de 0°C des derniers jours viennent aggraver la situation. Certains jeunes n’ont ni chaussures fermées, ni manteaux. La présence de cinq toilettes de chantier et l’installation il y a deux semaines de 6 robinets d’eau ne respectent même pas, et ce à moins d’1 km de Paris, les normes sanitaires du Haut Commissariat aux Réfugiés permettant un minimum de dignité.

Parmi les jeunes ayant survécu sur ce campement, au moins 116 ont finalement été reconnus mineurs et pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Ces 116 jeunes ont passé plusieurs semaines ou mois dans des conditions terribles, avant que l’erreur faite lors de leur évaluation ne soit finalement reconnue. Pour tous les autres, les procédures sont en cours et l’État continue d’abandonner consciemment des enfants à la rue, sans aucune ressource. Dans le même temps, une enquête de la commission des droits de l’enfants de l’ONU a été ouverte concernant le traitement par la France des mineurs non accompagnés.

Associations et jeunes n’ont plus d’autres moyens que de manifester pacifiquement cette détresse afin d’accéder à des solutions d’hébergement et un accompagnement adapté. Parallèlement et dans le but de mettre définitivement fin à ces situations, associations et députés demandent à nouveaux la reconnaissance de la présomption de minorité telle qu’édictée dans la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

Notes

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