« A Madarounfa, de plus en plus de familles vivant dans les villes voisines du Nigeria se tournent vers le système de santé du Niger pour sauver leurs enfants souffrant de malnutrition aigüe et des complications associées, faute de prise en charge médico-nutritionnelle efficace, gratuite et disponible plus proche de chez elles » explique Issiaka Abdou. Avec un parcours de soins souvent long et chaotique, ces jeunes patients nigérians sont généralement extrêmement affaiblis une fois arrivés au Niger : ils représentent aujourd’hui plus de la moitié des admissions dans le service nutritionnel de l’hôpital de Madarounfa soutenu par MSF. Le nombre d’enfants malnutris en provenance du Nigeria pris en charge dans les centres de santé soutenus par MSF à Madarounfa a augmenté d’environ 90% cette année, reflétant la situation extrêmement préoccupante qui prévaut au nord-ouest du Nigeria. MSF travaille donc également avec les autorités de l’Etat voisin de Katsina au Nigeria pour évaluer les besoins les plus pressants, préparer et mettre rapidement en oeuvre une réponse médico-nutritionnelle d’urgence auprès des populations les plus menacées par la crise.
Les effets collatéraux de la pandémie de Covid-19, parmi d’autres facteurs, ont exacerbé les causes structurelles de l’insécurité alimentaire et des crises nutritionnelles récurrentes dans la région. Les prix des produits alimentaires s’envolent, avec plus de 25% d’augmentation pour le prix du mil et d’autres céréales, se situant déjà au niveau ou au-dessus des plafonds généralement atteints au cœur de la période de soudure alimentaire, tandis que les fonds alloués au financement d’activités nutritionnelles et pédiatriques dégringolent. A titre d’exemple, le budget alloué par ECHO, l’agence d’aide humanitaire de la Commission européenne, à la prise en charge de la malnutrition au Niger est ainsi passé de plus de 24 millions d’euros en 2015 à 6 millions environ en 2021.