« Malgré cette nouvelle alerte, la mobilisation humanitaire et diplomatique pour agir sur l’acheminement de l’aide est loin d'être à la hauteur des besoins. Pour fournir des rations alimentaires uniquement aux personnes les plus à risque, il faudrait 2 500 camions d'aide par mois, alors qu'en moyenne 230 seulement sont entrés chaque mois au Darfour entre août et décembre », explique Stéphane Doyon, responsable de programme de MSF.
En 2024, MSF a collecté des données montrant les taux catastrophiques de malnutrition dans de nombreux endroits, aussi bien au plus fort de la période de soudure qu’au mois de décembre. La crise nutritionnelle provoquée par le conflit a été exacerbée par l'obstruction continue de l'aide par les deux parties belligérantes au Soudan et par la paralysie des Nations unies et du système d'aide au Darfour. Alors que la période de soudure doit débuter au mois de mai, des mesures efficaces doivent être prises dès à présent.
« Il est certes difficile de travailler dans certaines régions du Soudan mais cela est tout de même possible. Dans les endroits relativement accessibles, comme dans ceux qui sont les plus difficiles à atteindre, tels que le Darfour du Nord, les options des routes aériennes restent inexplorées. L'inaction est un choix, et elle tue », explique Marcella Kraay, coordinatrice d'urgence de MSF, depuis Nyala, dans l'État du Darfour du Sud.
Acheminer des vivres deviendra une tâche encore plus difficile au cours de la prochaine saison des pluies, lorsque les routes de terre inondées deviendront impraticables, et alors que la période de soudure aggravera la crise. Une réponse humanitaire à grande échelle doit être déployée dès maintenant, notamment en augmentant considérablement les financements et les moyens logistiques, en sécurisant des routes d’approvisionnement et en prépositionnant des stocks de nourriture au Tchad et dans les pays voisins.