Haïti : les enlèvements visant le personnel de santé mettent en péril l’accès aux soins

Un membre du personnel soignant parle aux patients dans la zone de triage du centre d'urgence MSF de Turgeau. 
Un membre du personnel soignant parle aux patients dans la zone de triage du centre d'urgence MSF de Turgeau.  © Pierre Fromentin/MSF

Les enlèvements contre rançon qui visent de nombreux habitants de Port-au-Prince, y compris le personnel médical, rendent l'accès aux soins de plus en plus difficile pour la population, alerte Médecins Sans Frontières (MSF).

Au moins quatre hôpitaux de Port-au-Prince ont été temporairement fermés et le personnel s'est mis en grève pour exprimer sa solidarité avec ses collègues kidnappés. De nombreux patients doivent donc se tourner vers le centre d'urgence de MSF dans le quartier de Turgeau à Port-au-Prince, dont la capacité d’accueil arrive à saturation et qui a de grandes difficultés à orienter les patients vers d'autres centres de soins.

Suite à l'enlèvement le 17 mai du Dr. Jacques Pierre Pierre, le directeur médical de l'Hôpital de l'Université d'Etat d'Haïti, le personnel de l'hôpital s'est mis en grève. De même, les activités médicales ont été suspendues dans les hôpitaux de St-Luc et de St-Damien après l’enlèvement du Dr Benetty Augustin, pédiatre spécialisée dans le traitement des enfants épileptiques, le 5 mai dernier, alors qu'elle se rendait à son travail.

« Nous sommes très préoccupés par la situation inacceptable d'insécurité qui affecte nos collègues de la communauté médicale haïtienne », a déclaré le Dr Samson Frandy, responsable médical du centre d'urgence de MSF à Turgeau. « L’impact sur le système de santé déjà affaibli est énorme, et cette situation entraîne sur notre centre une pression difficile à supporter. »

Le 20 mai, l'afflux de patients au centre de Turgeau était tel qu'un étage d'hôpital supplémentaire a dû être rapidement mis en place pour augmenter sa capacité. La plupart des patients étaient des enfants qui ne peuvent pas recevoir de soins médicaux ailleurs.

Ces événements aggravent une situation déjà difficile dans un pays où l'accès aux soins de santé est problématique pour la majorité de la population.

« Nous soutenons la décision de nos collègues de suspendre leurs services et nous leur exprimons notre plus profonde solidarité », a déclaré le Dr Samson. « Nous faisons de notre mieux pour fournir des soins d'urgence, mais bientôt nous ne saurons plus où orienter les patients nécessitant une prise en charge plus poussée. Si les professionnels de santé continuent à être attaqués et pris pour cible, le système de santé haïtien pourrait ne plus être en mesure de faire face aux besoins. »

Notes

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