La loi oblige également les navires ayant effectué un sauvetage à fournir aux autorités italiennes des informations sur le secours effectué, ce qui, en pratique, a donné lieu à des demandes d'informations excessives. Le 23 février 2023, l'autorité portuaire d'Ancône a notifié à MSF un ordre de rétention de 20 jours pour son navire et une amende de 5 000 euros. Ces sanctions ont été imposées pour ne pas avoir fourni des informations qui n’avaient pourtant jamais été demandées auparavant à MSF.
MSF et les autres organisations plaignantes estiment que ces mesures imposent des restrictions injustifiées aux opérations de recherche et de sauvetage et constituent une entrave à leur capacité à sauver des vies en mer.
« La Commission européenne est la gardienne des traités de l'UE et doit s’assurer que les États membres respectent le droit international et européen », déclare Giulia Capitani, conseillère aux affaires migratoires à Oxfam Italie. « Elle devrait défendre et protéger les droits fondamentaux de toutes les personnes en Europe. Les ONG de secours en mer comblent le vide laissé par les Etats européens, qui n’ont plus d’activité coordonnée de recherche et sauvetage en mer. Plutôt que d'entraver leur travail, les États devraient nous impliquer dans la mise en place d'un système adéquat. »
MSF, Oxfam Italie, SOS Humanity, ASGI et EMERGENCY demandent à la Commission européenne d'examiner immédiatement la loi italienne 15/2023 ainsi que la pratique d'attribution de ports éloignés.
Mise à jour du 13 juillet :
Le Parlement européen a également appelé la Commission à intensifier les efforts en matière de recherche et de sauvetage en Méditerranée. Par sa résolution adoptée ce 13 juillet, il demande explicitement aux Etats membres de maintenir leurs ports ouverts aux navires des ONG et d’assurer leur débarquement dans le port de sécurité le plus proche sans retard inutile, ainsi qu'à cesser de criminaliser les ONG de secours en mer. « La résolution du Parlement européen amplifie notre appel à la Commission pour qu'elle agisse et prenne les mesures nécessaires afin que les droits fondamentaux des personnes en détresse en mer soient respectés et que l'obstruction au travail des ONG de secours en mer prenne enfin fin », ajoute Juan Matis Gil, représentant de MSF.