Lorsque les interventions sont maintenues, c’est la qualité des soins qui est réduite : les pays sont contraints à des arbitrages difficiles, qui les amènent à supprimer des éléments essentiels de l’offre de soins. Par exemple en RCA, en RDC et au Soudan du Sud, l’adoption des recommandations de l’OMS, désignant le GeneXpert comme premier test de diagnostic de la tuberculose, est aujourd’hui extrêmement faible : son utilisation représente respectivement 0,59%, 4,8% et 2,2% des tests réalisés dans ces trois pays. Par conséquent, des personnes atteintes de la tuberculose ne sont pas détectées, ni mises sous traitement. Ne connaissant pas leur statut, elles risquent d’infecter d’autres personnes.
Les 18 milliards de dollars demandés par le Fonds mondial représentent dans ce contexte le strict minimum de ce qui serait nécessaire pour inverser cette tendance. On estime que 130 milliards de dollars sont nécessaires pour lutter efficacement contre le VIH, la tuberculose et le paludisme pour la période 2024 - 2026. Les 18 milliards du Fonds mondial représentent 14% de ce budget, et d'autres financements externes devraient en couvrir 19% supplémentaires. Dans le meilleur des cas – celui, très improbable, où le financement national des pays eux-mêmes représenterait 45% de ce montant - il resterait tout de même un écart de 22 % entre les fonds alloués et les fonds nécessaires.
Si la France, deuxième pays donateur au Fonds mondial, et les autres grands bailleurs veulent des programmes de lutte contre ces trois maladies à la hauteur des besoins, ils doivent démontrer leur engagement en augmentant leurs promesses de dons lors de ce cycle de reconstitution du Fonds mondial au cours de la Conférence de reconstitution financière.