Des chiffres alarmants
Ces dernières années, la violence des gangs et de la répression policière s'est généralisée dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et l’insécurité atteint un tel niveau que des services essentiels, comme les hôpitaux publics, ont dû fermer. C’est dans ce contexte que les équipes de MSF constatent aujourd’hui une augmentation significative du nombre de victimes de violences sexuelles et sexistes.
Depuis 2015, Médecins Sans Frontières (MSF) intervient auprès des victimes de violences sexuelles et sexistes, leur fournissant des soins médicaux et psychologiques dans la clinique de Pran Men'm, à Port-au-Prince. Après avoir suspendu toutes ses activités dans la ville en novembre dernier en raison des menaces contre son personnel et ses patients, MSF a ré-ouvert sa clinique en décembre et continue d’y renforcer son intervention.
En 2024, les équipes de MSF ont pris en charge 4 463 survivants de violences sexuelles dans la clinique de Pran Men'm, à la maternité de Carrefour, et dans le nouveau programme dédié à ces patients dans l'hôpital MSF de Cité Soleil. Dans ces mêmes structures, MSF avait soigné 3 207 personnes en 2023 contre 1 775 en 2022.
Depuis la mi-2022, MSF constate que les violences, commises par un ou plusieurs agresseurs, sont de plus en plus souvent le fait de groupes armés. Parmi les patients pris en charge par MSF, on compte une majorité de personnes déplacées et notamment des enfants.
« Je me trouvais dans la maison de mon père quand nous avons entendu quelqu'un frapper. Une voix a dit que si nous n'ouvrions pas la porte, il tirerait », témoigne une de nos patientes. « Lorsque nous avons ouvert, nous avons vu trois hommes armés et cagoulés, qui ont menacé de nous tuer si je n'acceptais pas de coucher avec eux. Puis, les trois m'ont violé ce jour-là. »