Malnutrition - Des financements inappropriés ruinent les progrès du traitement de la malnutrition infantile

RD Congo Nord Kivu novembre 2009.
RD Congo, Nord Kivu, novembre 2009. © Michael Goldfarb/MSF

Entre 3,5 et 5 millions d'enfants meurent chaque année des suites de la malnutrition, ce qui équivaut à un décès toutes les six secondes. Pourtant, la malnutrition infantile est une maladie facile à prévenir, avec une combinaison adéquate de nutriments, et se soigne efficacement grâce aux aliments thérapeutiques disponibles aujourd'hui.

Ces dernières années, notre compréhension de la malnutrition infantile s'est grandement améliorée et un consensus international a vu le jour concernant la distribution d'aliments thérapeutiques prêts à l'emploi (riches en protéines, vitamines et minéraux) pour traiter sa forme la plus sévère chez les enfants de moins de cinq ans.

Alors pourquoi 55 millions d'enfants continuent-ils à en souffrir?

La réponse vient en partie du manque de financements adéquats pour mettre en œuvre des programmes nutritionnels efficaces. E

n novembre, peu de temps avant le Sommet mondial de l'alimentation de Rome, MSFa publié un rapport qui présente une analyse détaillée des tendances de financement dans les domaines de la malnutrition infantile et de l'aide alimentaire.

Malgré le nombre élevé de morts évitables dans le monde, les dons des pays les plus riches pour lutter contre la malnutrition n'ont pas augmenté ces sept dernières années (2000 à 2007). L'aide mondiale atteignait seulement 350 millions de dollars par an, alors que la Banque mondiale a estimé que 11,8 milliards étaient nécessaires pour lutter efficacement contre la malnutrition dans les 36 pays les plus touchés.

De 2005 à 2007, MSF seule a dépensé 40,3 millions de dollars par an, soit une contribution supérieure à celle de plusieurs gouvernements, pour financer des programmes nutritionnels à base d'aliments thérapeutiques prêts à l'emploi, traitement recommandé par l'ONU.

MSF préconise un financement supplémentaire de 700 millions de dollars, soit les fonds nécessaires pour couvrir les 32 pays détenant les taux de prévalence de la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans les plus élevés, selon une étude de la Banque mondiale.

Cependant, des milliards de dollars sont actuellement dépensés dans " l'aide alimentaire pour le développement et la sécurité alimentaire " ou dans " l'aide alimentaire d'urgence ". Mais MSF a constaté que moins de 2 % de cette aide était consacrée aux interventions visant spécifiquement à réduire la malnutrition infantile.

Si une partie de l'argent actuellement dédié à l'aide alimentaire était consacrée à l'achat d'aliments adaptés aux moins de cinq ans, cela diminuerait considérablement les effets dévastateurs de la malnutrition sur des millions d'enfants, à savoir les retards de croissance, la forte vulnérabilité face aux maladies et la mort.

En outre, le système d'aide alimentaire finance des pratiques inefficaces. Le gouvernement nord-américain, par exemple, insiste sur l'envoi d'une aide alimentaire en nature à l'étranger, qui coûterait 600 millions de dollars de plus que si ces produits étaient achetés localement. De plus, l'aide alimentaire des États-Unis, comme la plupart des autres pays, comprend principalement des farines composées enrichies sous la forme de mélanges maïs-soja. Le faible apport nutritionnel de ces aliments est mal absorbé par les jeunes enfants, ce qui par conséquent contribue très peu à la prévention de la malnutrition.

En 2008, MSF a traité plus de 300 000 enfants malnutris dans 22 pays, principalement avec des produits prêts à l'emploi riches en nutriments. Même si ces produits sont plus chers que les aliments actuellement distribués par le système d'aide alimentaire, ils s'avèrent efficaces pour prévenir et soigner la malnutrition sévère, et peuvent être utilisés à très grande échelle.

Des mesures immédiates doivent être prises pour augmenter le financement de programmes nutritionnels efficaces, afin de soigner des millions d'enfants dans le besoin.

 

Notes

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