Ce sont quelque 10 800 dossiers qui ont été étudiés par les équipes de Médecins Sans Frontières, afin de cerner les dynamiques à l’œuvre dans la prise en charge des violences sexuelles en RDC. Compte-tenu de la stigmatisation et de la pression qui pèsent sur les victimes, ces chiffres sont toutefois loin de représenter l’ampleur réelle du phénomène. « Le problème des violences sexuelles en RDC est reconnu et dénoncé par de nombreux acteurs nationaux ou internationaux, souligne Juliette Seguin, cheffe de mission MSF. Pourtant, les actes concrets peinent à venir, que ce soit en termes de prévention ou de protection des personnes. »
« Je revenais d’un enterrement quand un homme que je connaissais m’a arrêtée et violée. Il m’avait demandé de l’épouser, j’avais refusé, explique Louise*, 28 ans, une habitante d’Ituri. Je suis une personne divorcée, mon mari ne remplissait pas ses obligations, il buvait et dépensait tout l’argent de notre ménage. Mon violeur n’était pas armé. J’étais très choquée. J’ai réussi à rentrer chez moi et à retrouver mes enfants. »
La quasi-totalité (98 %) des victimes de violences sexuelles prises en charge par MSF sont des femmes, et 19 % sont des mineures. Dans tous les cas, les victimes font face à de nombreux obstacles pour bénéficier d’une prise en charge, aussi bien à court terme qu’à long terme.