RDC – Faire face à l’urgence d’une épidémie de rougeole au Katanga

Les infirmiers préparent le vaccin contre la rougeole  Province du Katanga RDC janvier 2011
Les infirmiers préparent le vaccin contre la rougeole - Province du Katanga, RDC, janvier 2011 © Northan Hurtado / MSF

MSF et le ministère congolais de la Santé ont lancé, fin janvier au Katanga, une campagne de vaccination contre la rougeole. Pour enrayer une épidémie qui s'est propagée dans cette province de la République démocratique du Congo (RDC), les équipes doivent vacciner quelque 1,2 million d'enfants.

A peine les équipes MSF en collaboration avec le ministère de la Santé avaient-elles terminé la campagne de vaccination dans le district de Likasi qu'elles ont mis le cap sur Lubumbashi, la capitale de la province du Katanga en RDC. Le 4 février, les équipes se sont rendues dans plusieurs quartiers pour commencer à vacciner contre la rougeole près de 920 000 enfants âgés de six mois à quinze ans. La rougeole est une maladie qui peut être mortelle chez les enfants et la seule prévention reste la vaccination.

« L'épidémie a commencé à apparaître de manière disparate. Au début, à la mi-octobre, les zones rurales étaient les plus touchées. Puis les cas ont augmenté dans les zones urbaines, » observe le Dr Northan Hurtado, médecin référent à MSF. Au fil de la propagation de l'épidémie, à la mi-janvier, 3885 enfants avaient contracté la rougeole dans le district de Likasi, 31 en étaient morts. Lubumbashi était moins touchée avec 791 enfants malades. Il fallait donc commencer à vacciner rapidement pour enrayer l'épidémie. Mais organiser une grande campagne de vaccination n'est pas une mince affaire. La stratégie à suivre s'élabore en concertation avec les autorités nationales et des partenaires comme l'OMS. Or les approches divergeaient.

Les autorités sanitaires voulaient faire intervenir un grand nombre d'équipes peu étoffées (5 personnes) comme pour une campagne de suivi ou de rattrapage tandis que MSF prévoyait un plus petit nombre d'équipes de taille plus importante (12 personnes) pour faire face à l'urgence de l'épidémie. « Notre stratégie repose sur une exigence de qualité, explique le Dr Northan Hurtado. En déployant moins d'équipes, nous pouvons mieux superviser la qualité du travail des équipes (administration du vaccin...) et mieux contrôler la chaîne de froid indispensable pour la conservation du vaccin. »  En définitive, un accord a été trouvé et une fois réglés les problèmes d'acheminement de tout le matériel, la campagne a pu commencer à Likasi. Entre le 25 et le 31 janvier, le ministère congolais de la Santé et MSF ont vacciné 190 733 enfants.

Il a fallu pour cela mobiliser de nombreux effectifs. Pas moins de 54 équipes ont été constituées pour le district de Likasi. Sous la houlette d'un infirmier chef d'équipe, trois infirmiers préparent le vaccin et l'inoculent. Un enregistreur remplit la carte de vaccination. Un aide-soignant donne la vitamine A, un supplément indispensable pour prévenir les éventuelles complications de la rougeole. Un pointeur comptabilise le nombre d'enfants vaccinés. Il faut aussi des chauffeurs pour conduire les véhicules transportant le personnel et le matériel, ainsi que des gardiens.

Une chaîne de froid continue jusqu'à la vaccination

Sur le plan logistique, maintenir la chaîne de froid est primordial pour conserver le vaccin. Le vaccin contre la rougeole qui est fourni lyophilisé est donc transporté dans des glacières avec le solvant nécessaire à sa préparation. De ce fait, les équipes partent avec, dans les voitures, une grande glacière contenant 2 500 doses de vaccin et autant de solvants. Une fois arrivées sur le site choisi au préalable et préparé, elles installent le matériel médical, des tables, des chaises... ainsi que les porte-vaccins, ces petites glacières où seront placés les vaccins reconstitués avec le solvant.

Un circuit pour les patients est mis en place pour éviter les bousculades. Mais déjà des mères arrivent avec leurs enfants. Elles ont entendu l'information diffusée par mégaphone dans les quartiers ou à la radio qu'elles devaient amener leur progéniture. En l'espace d'une journée, une équipe va vacciner en moyenne 1 200 à 1 300 enfants à Lubumbashi, un milieu urbain. La campagne devrait ainsi durer une dizaine de jours. Pendant ce temps, un binôme formé d'un logisticien et d'un infirmier, prêt à intervenir en cas de problème assure la supervision des opérations.

Cette organisation a été rodée au fil des campagnes que MSF a menées dans différents pays. En amont, avant même que ne commence la vaccination, le personnel médical a reçu une formation sur le déroulement des opérations. Et l'ultime étape est l'enquête de couverture vaccinale pour déterminer s'il reste des poches où les personnes à risque n'auraient pas été vaccinées. Si c'est le cas, une équipe devra compléter la vaccination car l'objectif est qu'au moins 90% des enfants aient été vaccinés et que la transmission du virus soit enrayée. Objectif atteint pour le district de Likasi, le taux de couverture vaccinale est supérieur à 99%.

 

Vidéo RDC : Immuniser un million d'enfants



Pour aller plus loin
>> Page médicale sur la rougeole


Notes

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