Quel rôle jouent les autorités congolaises dans cette mobilisation ?
Force est de constater que les préoccupations affichées par les autorités sur le sort des populations déplacées et la nécessité de leur venir en aide sont aujourd’hui des préoccupations de façade. Dans les faits, elles ne facilitent pas l’obtention des visas pour le personnel international, ni les procédures d’approvisionnement ni la coordination des acteurs. Au contraire même, les entraves bureaucratiques et administratives se multiplient.
Dans ce contexte, quelles sont les contraintes et les inquiétudes de MSF ?
La situation des populations déplacées et notre capacité à leur venir en aide est aujourd’hui notre inquiétude majeure. À Goma, la population déplacée est acculée, et dans les zones sous contrôle du M23, où MSF est l’une des rares organisations à continuer à travailler, les populations vivent ballottées par les combats.
Le climat général marqué par l’insécurité n’invite pas à l’optimisme. On peut parler d’une véritable course à l’armement au Nord-Kivu, avec des groupes armés et des jeunes galvanisés par des discours patriotiques et des appels à la mobilisation, et peu d’espoir de désescalade dans le conflit avec le M23. Beaucoup d’observateurs sont inquiets de la possibilité de nouvelles vagues massives de déplacés, notamment si l’avancée du M23 ou des étincelles avec les groupes armés devaient mettre le feu aux poudres à Goma - une ville qui a accueilli en neuf mois plus de 600 000 nouveaux déplacés et qui serait absolument incapable de faire face à un afflux de plusieurs centaines d'autres milliers de déplacés.
* Étude menée entre le 31 juillet et le 5 septembre 2023, dans les sites de Lushagala, Bulengo, Elohim, Shabindu, Rusayo et Kanyaruchinya où MSF intervient.